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Marx l'embrouille de la plus-value et de la lutte des classes.

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Message  Alotar Lun 26 Jan - 12:03:22

Quand Marx propose son explication de la plus-value, qui au lieu d'être donnée au travailleur pour son travail, va dans la poche du capitaliste voleur, il faut voir qu'il s'agit en fait d'une manière d'arranger les choses.

Tout d'abord notons que le travail est toujours un coût - exactement comme les matières premières et les machines - et jamais un bénéfice ou une plus-value. Le travail coûte, il coûte du temps, de la fatigue, de l'énergie; et c'est bien parce que le travail coûte qu'il faut le payer. Mais Marx embrouille les choses et décalque le rapport travailleur-capitaliste sur le rapport vendeur-acheteur, seulement l'embrouille, c'est qu'il inverse les positions respectives et fait passer le travailleur pour un acheteur alors que le travailleur est vendeur (de sa force de travail). Et il fait passer le capitaliste pour un vendeur, alors que le capitaliste est acheteur de la force de travail. Dans le schéma client-commerçant ou acheteur-vendeur, il est normal que le bénéfice ou la plus-value soit du côté du vendeur ou du commerçant. On voit mal un schéma commercial où c'est l'acheteur qui ferait constamment du bénéfice ou de la plus-value sur le compte du vendeur. Pour le vendeur, la raison de vendre, c'est qu'il y gagne, et pas qu'il y perd, sinon je pense que ce vendeur a comme un problème. Il en est exactement de même dans le schéma travailleur-capitaliste. C'est le travailleur qui vend sa force de travail, c'est le travailleur qui est vendeur, face à un capitaliste qui achète cette force de travail. C'est donc le travailleur qui, en tant que vendeur, fait un bénéfice, tire une plus-value de cette vente. Si le travailleur y perdait, pourquoi le ferait-il?
Le travail est un coût dont seul le travailleur tire un bénéfice ou une plus-value.

Ce qui favorise l'embrouille, c'est que les travailleurs sont nombreux face à de rares capitalistes, comme les acheteurs sont nombreux face à de rares vendeurs. C'est ainsi que les travailleurs peuvent être assimilés à des acheteurs pigeons et les capitalistes à des vendeurs arnaqueurs. Et c'est vrai que le rapport de force acheteur-vendeur est basé sur la concurrence entre eux de beaucoup d'acheteurs face à la concurrence entre eux de moins de vendeurs. Pourquoi alors dans le rapport travailleur(vendeur)-capitaliste(acheteur), pourquoi y-a-t'il plus de vendeurs que d'acheteurs? C'est de là que vient le problème : dans un grand nombre de vendeurs face à un petit nombre d'acheteurs. Dans ce cas-là les vendeurs doivent réduire leur prétention de plus-value au strict minimum, et s'ils persistent à vendre leur force de travail, ils doivent même parfois la vendre à perte, comme des commerçants qui, n'ayant pas trouvé d'acheteurs, doivent solder. Les vendeurs de force de travail - les travailleurs - doivent être rares face à de nombreux acheteurs - les capitalistes - pour pouvoir imposer des conditions de plus-value salariale à la hausse.

Si néanmoins le capitaliste, malgré le fait qu'il y perde avec son achat du travail des travailleurs, au final y gagne quand même, c'est parce que la véritable plus-value du processus de production ne ressortit évidemment pas à une sorte de sous-paiement du travail - puisqu'au contraire on a montré que le travailleur, en tant que vendeur, est par définition toujours surpayé -, mais ressortit à une plus grande productivité, autrement dit à du travail, qui aurait dû être normalement payé, mais qui, ayant été supplanté, a été économisé parce que l'inventivité humaine a trouvé l'astuce, la nouveauté - machine, invention, procédé, organisation - pour faire plus avec moins, pour être plus productif, autrement dit pour produire plus avec moins de travail; d'où le bénéfice ou la plus-value : devoir payer moins de travail (et pas payer le travail moins cher). Mais payer moins de travail signifie payer moins de travailleurs. Des travailleurs qui se retrouvent dès lors sans travail. Ce qui veut dire qu'il y a une augmentation de travailleurs vendeurs de leur force de travail et donc une augmentation de la concurrence entre les travailleurs-vendeurs de leur force de travail et par conséquent une baisse de leurs prétentions salariales possibles. Les travailleurs qui restent, se considérant comme mieux qualifiés, plus techniciens, exigent des augmentations. Les travailleurs éjectés, étant considérés comme sous-qualifiés, voient leurs prétentions salariales, par rapport à leurs collègues sur-qualifiés, revues à la baisse. Mais cela est une conséquence, un effet, et pas une cause. Être moins payé est une conséquence de la raréfaction du travail et de l'augmentation corrélative de travailleurs en concurrence. Un travailleur sous-qualifié ne s'appauvrit que parce qu'un autre travailleur sur-qualifié s'enrichit sur le dos du premier.

Mais peut-être que les travailleurs peuvent parer à leur pléthore et organiser leur rareté? Le problème est de voir si l'organisation de leur rareté par les travailleurs n'a pas un impact négatif sur une pléthore possible de capitalistes (acheteurs de travail) et par suite un impact négatif sur la possibilité pour les travailleurs de négocier à la hausse leur plus-value - puisqu'il y aurait dans ce cas moins de capitalistes-acheteurs, ce qui augmenterait la concurrence entre travailleurs-vendeurs. En effet pour les travailleurs-vendeurs, afin de maximaliser la plus-value sur leur vente de travail, il vaut mieux avoir en face d'eux le maximum de capitalistes-acheteurs. Si maintenant l'organisation de leur rareté par les travailleurs a pour effet collatéral d'organiser aussi la rareté des capitalistes, c'est-à-dire de décourager les gens de devenir capitalistes, alors c'est un coup d'épée dans l'eau, il n'y aura pas de changement du rapport nombre de vendeurs de travail/nombre d'acheteurs de travail.

Comment les travailleurs ont organisé leur rareté? Par la hiérarchie. Ils se sont divisés en classes ou grades où leur nombre se raréfie; grâce à quoi parallèlement leur salaire ou la plus-value de leur travail peuvent augmenter. La véritable lutte des classes est interne aux travailleurs entre leur différents niveaux de salaires, correspondant à autant de classes de leur hiérarchie et autant de niveaux de diminution de leur concurrence en face de l'acheteur de travail. C'est que le travail a sa source antique dans cette abomination qu'est l'esclavage ou le rapport maître-esclave. Le rapport maître-esclave est le rapport de base entre les travailleurs, c'est le rapport chef-subordonné. Le rapport maître-esclave est un rapport fixe et constant comme le rapport entre 2 salaires soumis à une indexation relative, en pourcentage : cela maintient constant le rapport entre ces deux salaires différents, de 1 à 5 par exemple, quelque soit l'augmentation, puisqu'elle est faite en pourcentage, mais pas en une somme absolue, par exemple la même somme d'argent pour tous les salaires quelques soient leurs niveaux. Le résultat de l'augmentation en pourcentage, c'est que, au final, en valeur absolue, les salaires divergent de plus en plus, ce qui signifie que la concurrence entre les travailleurs s'exacerbe en bas, tandis qu'elle se raréfie en haut. Il n'y a rien de neutre dans les relations entre les travailleurs. Et on voit ainsi que ce sont leurs rapports entre eux-mêmes, les travailleurs, qui déterminent leurs relations à ceux qui ne sont pas eux, c'est-à-dire aux capitalistes qui achètent leur travail. Ainsi s'explique l'origine et le sens de la plus-value dont profite le travailleur. On a montré que cette plus-value ne concernait pas directement le capitaliste-acheteur, elle sert à régler les relations entre les travailleurs, elle ne sert qu'à organiser leur concurrence interne, c'est-à-dire leur propre lutte des classes - classes de travailleurs évidemment. La plus-value est la mesure de l'intensité de la lutte des classes entre travailleurs.

Tout ce qui précède montre que la théorie économique de Marx et les pratiques qui s'en revendiquent ne dépassent pas le cadre du capitalisme, et ne font que s'aligner sur les fondamentaux de ce capitalisme. On a montré que le travail était toujours un coût, une dépense, et jamais un bénéfice ou une plus-value (sauf pour le vendeur de force de travail, c'est-à-dire le travailleur pour lequel la plus-value est la différence entre ce que lui rapporte son travail (salaire) et ce qu'il lui coûte (consommation au moins de base mais aussi fatigue, santé, devoir supporter des collègues et des chefs, abrutissement, etc.)). Mais économiser veut dire surtout faire des économies, c.-à-d. dépenser moins. Puisque le travail est fondamentalement un coût ou une dépense, alors économiser, autrement dit faire des économies, c'est dépenser moins de travail, supprimer du travail. Et à partir du moment où le travail est un coût ou une dépense, non seulement en argent mais aussi en temps, en énergie, en fatigue, en santé, etc., parce que ce travail est une souffrance abrutissante et malsaine, et à partir du moment où conformément à son antique étymologie l'économie est l'aménagement équitable d'un habitat et d'un séjour proprement humain, alors il faut bien considérer que le sens et le but de l'économie est la suppression du travail et par suite des travailleurs, sauf à s'obstiner à vouloir à tout prix casser des cailloux, par exemple.

"Tous les métiers ne sont-ils pas pleins d'exigences, pleins d'hostilité contre l'individu, ne sont-ils pas pour ainsi dire, tout imbibés de la haine de ceux qui, muets et moroses, se sont pliés au sobre devoir?"(Rilke).


Dernière édition par Alotar le Lun 16 Fév - 19:24:16, édité 1 fois
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Message  nivelloi Ven 30 Jan - 14:47:00

C'est étrange d'entendre à nouveau parler de Marx... Je me souviens qu'il y a treize mois, challenge, la revue ultra-libérale, en avait fait le plus grand économiste de l'histoire. De plus en plus, la lecture de la situation actuelle redevient maxienne (et non marxiste, ce qui est différent). C'est à ne plus rien y comprendre.

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