Emile BRAMI - LE MANTEAU DE LA VIERGE

[jimmyolsen]

Emile BRAMI
LE MANTEAU DE LA VIERGE
Roman
Fayard
218 pages

Revenons sur un passage les origines. Descendants des tributs kabyles nomades judaïsées après la chute du premier temple de Jérusalem, les juifs tunisiens se sont installés entre Carthage et Tunis bien avant l’arrivée des envahisseurs romains et arabes. . Pourtant, il y a cinquante ans, cette population a du faire ses valises pour éviter la vindicte de la nouvelle Tunisie indépendante aussi nationaliste que revancharde. Emile Brami a opté pour la forme romanesque pour exposer la souffrance discrète et digne de cette population condamnée à fuir des terres qu’ils avaient occupés bien avant les descendants des nouveaux maîtres des lieux. L’auteur a choisi de présenter ce drame à travers les yeux d’une lesbienne sourde, sournoise et sans pitié, mais fondamentalement honnête. Par son intermédiaire, il va nous délivrer sa nostalgie de temps dont de moins en moins de juifs tunisiens se souviennent, de temps heureux, comme lorsqu’en 1943 les américains débarquent pour chasser l’Afrika Korps, les sorties des chefs-d’œuvre hollywoodiens des années 50, la prospérité sous la colonie française, les ballades en Cadillac sur les bords de mer, les amitiés entre juifs et arabes, comme des moins heureux, avec la pauvreté, la faim, la violence et l’adultère, et finalement l’exile. Mais ce roman est également celui d’un art de vivre juif propre à la Tunisie d’autrefois, d’un folklore emprunt d’une certaine dose de sentimentalisme. En clair, Brami nous livre ici un roman dont le véritable héro est la nostalgie. Et quand une nostalgie est décrite avec un rare talent, cela fait un livre tout à fait incontournable pour quiconque veut découvrir ce qu’était la vie des juifs tunisiens sous les différentes dominations, françaises comme arabes.