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LE CHOC RUSSE - Part. III

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Message  kostas66 Sam 13 Sep - 14:32:46

LE CHOC RUSSE - Part. III Octobe10

LA DERIVE STALINIENNE DE L’URSS

La première caractéristique du stalinisme comme système socio-économique était issue des acquis de la Révolution d’octobre. Il s’agit de la nature de l’infrastructure économique, avec la nationalisation des moyens de production, l’interdiction par la Constitution de l’appropriation privée de ces moyens de production et de l’achat de la force de travail, le monopole d’Etat du commerce extérieur, la suppression des rapports de production capitaliste et de la production de marché généralisée, la possibilité d’une planification à long terme. La seconde venait du fait que les dirigeants de la bureaucratie, et en premier lieu Joseph Staline, ont continué à se déclarer marxiste-léniniste, idéologie déclarée comme doctrine officielle de l’Etat, et de clamer que la constitution d’une société communiste sans classes sociales demeurait l’objectif de la politique gouvernementale.

Une autre caractéristique était que le stalinisme était une contre-révolution au niveau politique et le fait qu’il y ait eu le maintien de l’ensemble des acquis socio-économiques de la Révolution d’octobre en a fait une contre-révolution dans la révolution même. En effet, le rôle de la bureaucratie était contre-révolutionnaire au niveau mondial par sa politique consciente de collaboration avec le capitalisme pour empêcher les révolutions socialistes en Europe, mais aussi par les conséquences désastreuses que présentait l’identification des conditions soviétiques avec le « socialisme » sur la volonté du prolétariat occidental de s’embarquer dans la lutte pour la révolution socialiste. Il était également contre-révolutionnaire au niveau national par la dépolitisation et l’éclatement de la classe ouvrière dus aux politiques anti-ouvrières successives. Ce système avait aussi comme caractéristique la fusion de l’appareil du Parti avec celui de l’Etat, par la bureaucratisation du Parti bolchevik. Le stalinisme était aussi marqué par la passivité politique de la classe ouvrière. Par ailleurs, le système socio-économique était conditionné par la position de Staline basée sur un rythme soutenu et ambitieux d’industrialisation et sur un processus accentué de collectivisation, rythme qui coûta la vie à dix millions de soviétiques et à la déportation de millions d’autres.

Les origines du stalinisme comme système socio-économique remontaient à l’après-révolution d’octobre. A cette époque là, la classe ouvrière minoritaire ne pouvait pas garder le pourvoir dans la Russie relativement arriérée à moins que la révolution internationale ne vienne à son aide. La défaite de la vague révolutionnaire du premier après-guerre a effectivement conduit à la perte de l’exercice direct du pouvoir par le prolétariat. Aussi, le pouvoir a été pris par une nouvelle couche sociale privilégiée : la bureaucratie. L’explication est double : aucune nouvelle victoire de la révolution socialiste en Europe centrale durant l’après-guerre ; ce qui a isolé la Russie soviétique dans un monde hostile, a contribué à l’affaiblissement de la classe ouvrière russe et a modifié les conditions de l’exercice du pouvoir. D’autre part, la victoire de l’armée rouge au cours de la guerre civile, la fragilisation de la bourgeoisie, la dispersion de la paysannerie, la force du nouvel appareil d’Etat se sont combinés pour transformer la réapparition d’une nouvelle classe capitaliste en un processus lent et contradictoire. Il est sorti de l’affaiblissement conjoint du prolétariat, de la grande, moyenne et petite bourgeoisie, un équilibre précaire dans une société marquée par la monté de la bureaucratie vers le contrôle du pouvoir politique et social. Ce fut une contre-révolution dans la révolution. En d’autres termes, la « large majorité » à laquelle Lénine se référait dans « L’Etat et la révolution », était une force sociale ni prolétarienne ni homogène.

D’une part, l’idée d’un appareil d’Etat faible et peu coûteux supposait que le prolétariat serait en mesure d’exercer la plupart des fonctions étatiques traditionnelles dans le cadre des soviets, présupposant que des conditions objectives et subjectives favorables à un élargissement graduel de l’auto-détermination par le même prolétariat. Or, les conditions de l’émergence de la démocratie soviétique étaient absentes parce que le prolétariat était affaibli. La bureaucratie est apparue grâce à la fusion de forts résidus de l’appareil d’Etat tsariste ; avec un groupe de direction composé des administrateurs professionnels « d’unités économiques » en constante croissance grâce à l’industrialisation forcée. Ces deux groupes étaient conscients de leurs intérêts collectifs propres.

Avant et après la mort de Lénine, l’opposition de gauche a repris la lutte contre la bureaucratie de l’Etat soviétique parce que la situation ne correspondait pas à ce que le bolchevisme avait voulu réaliser, mais la prise de conscience ne s’est pas opérée parmi ses éléments. Le fait fut que le déclin radical de l’activité politique ouvrière réduisait la substance de l’appareil du Parti et que cela favorisait sa fusion avec l’appareil de l’Etat. Ce phénomène interdisait la démocratisation interne du Parti. La défaite de l’opposition de gauche fut celle de la fraction que représentaient les intérêts du prolétariat, défaite consumée, comme nous l’avons vu, par l’élimination physique des cadres bolcheviks en 1936-1938.

Prenons à présent l’avis de Léon Trotsky sur la situation. Celui-ci affirmait que ce qui se produisait en Union soviétique n’était ni la restauration du capitalisme, ni l’apparition d’une nouvelle classe dominante et d’un nouveau mode de production. Le pouvoir dictatorial de la bureaucratie était exercé dans le cadre d’une société en transition entre le capitalisme et le socialisme, bloquant son avancée vers le communisme. De ce fait, l’Union soviétique ne pouvait être taxée de communiste. En effet, les formes sociales avaient été violemment déformées par un processus de bureaucratisation qui n’avait pas généré des formes de domination sociale stable, homogène et ayant un potentiel d’auto-reproduction. Ainsi, l’Etat soviétique demeurait un Etat ouvrier profondément dégénéré ; la bureaucratie ne pouvait pas créer de nouveaux rapports de production ni assurer le bon fonctionnement de ceux issus de la Révolution d’octobre. Le mode spécifique de domination de la bureaucratie et les différents privilèges qu’elle s’appropriait comme le produit de sa domination entraient en conflit avec les exigences d’une planification.

Trois tournants de l’histoire soviétique ont permis à Trotsky d’analyser la situation. Durant la crise économique de 1928, la bureaucratie en tant que couche sociale n’a pas établi d’alliance avec les Koulaks et les nepmens en faveur d’une restauration du capitalisme et d’une intégration plus étroite au marché capitaliste mondial, et a utilisé des moyens violents pour écraser l’accumulation primitive du capital privé et l’expansion de la petite production marchande. Durant la seconde guerre mondiale et après, elle n’a pas capitulé devant l’impérialisme et ne s’est pas transformée en noyau d’une nouvelle bourgeoisie pré-coloniale russe au service de l’impérialisme allemand. Lorsque la puissance militaire soviétique s’est projetée hors des frontières russes en 1944-1945, les territoires dominés par la bureaucratie ont dû être « assimilés structurellement » aux rapports de propriété et de production créés par la Révolution d’octobre. On peut donc tirer comme conclusion qu’il y avait une nécessité d’une nouvelle révolution politique qui conserverait et consoliderait les acquis de la Révolution d’octobre, éliminerait le pouvoir dictatorial de la bureaucratie, inséminerait la démocratie dans la société et rendrait le pouvoir au prolétariat.

Comme nous l’avons vu précédemment, l’Union soviétique, après la mort de Lénine, s’est engagée sur la voie d’une dictature dans le vide parce que le prolétariat s’était dispersé. Selon moi, les circonstances paraissaient déterminer les attitudes, les décisions et les actions, donc que nous avions alors la constitution d’une tragédie. Nous avions également remarqué que cette tragédie devait aussi être vue comme un crime parce que le Parti a pris le pouvoir sur une base idéologique qui devait logiquement le conduire à se désister sous la pression des événements. Nous en étions arrivés à la conclusion que même si le Parti a vu les circonstances mettre à mal la théorie, il est néanmoins clair que Lénine et le Parti avaient conservé une approche déterministe et optimiste de la situation, ce qui faussait leur perception de l’évolution sociale en Europe. Or, l’avènement de Joseph Staline a coïncidé avec la faillite des mouvements révolutionnaires européens. Les circonstances ont poussé les dirigeants de l’URSS à envisager, puis à établir le « socialisme » dans un seul pays. Il s’agit ici d’un abandon du volontarisme et du déterminisme qui caractérisaient le marxisme, puisque selon cette théorie, basée sur le matérialisme historique et la dialectique, la chute du capitalisme se fera par et pour le prolétariat et fera place à l’établissement du socialisme, stade transitoire d’organisation sociétal vers le communisme, et le dépérissement naturel de l’Etat. Ainsi, Staline s’est vu dans l’obligation d’adopter une vision réaliste de la situation puisque le monde lui était apparu hostile et capitaliste. Nous pouvons alors affirmer que l’Union soviétique fut frappée « d’hystérie politique », soit la peur pour son existence, symptôme du durcissement du régime. Or, il y a aussi ici une contradiction avec la théorie marxiste, mais aussi Léniniste, puisqu’elle rejette la possibilité de la restauration du capitalisme dans un Etat socialiste. Donc, Staline n’était plus socialiste (l’a-t-il déjà été ?) ni communiste en créant un Etat fortement centralisé, bureaucratisé par une industrialisation forcée et par un processus de collectivisation forcée. Il y avait là la déviation de la théorie marxiste vers une théorie tout bonnement réaliste. Ici était introduit une politique de puissance pour garantir l’intérêt général. Mais cela impliqua également la mise au pas des mouvements révolutionnaires européens au nom de la sécurité et de l’intérêt national soviétique. Or, pour parvenir à ses fins, Staline ne pouvait que renforcer le pouvoir par l’instauration d’une bureaucratie forte, centralisée, croissante, comme couche sociale stable, et par le renforcement des politiques industrielles principalement militaires et agricoles qui devaient fournir la base de la puissance soviétique.

Avait-il d’autres choix ? Selon moi, Staline n’en avait pas, à ce stade où en était arrivée une paranoïa qu’il avait lui-même créé pour renforcer sa main-mise sur le pouvoir, de conserver une économie de type socialiste uniquement parce qu’elle lui permettait d’obtenir la puissance nécessaire à la garantie de l’intérêt national. Ainsi, Staline n’était et ne pouvait pas être marxiste parce qu’il avait des « lunettes conceptuelle » purement réalistes, parce qu’il ne croyait pas en l’inéluctabilité de l’évolution de l’histoire parce que le volontarisme et le déterminisme n’existaient pas dans sa compréhension idéologique. Son mode de pensée était plutôt basé sur le pessimisme réaliste, sur le prémisse de base qui veut que l’homme est un loup pour l’homme et que le monde est fondamentalement mauvais. Aussi, face à ce que l’on pourrait qualifier de capitalisme d’Etat ou de bureaucratisme, Léon Trotsky déclarait qu’il y avait la nécessité d’une nouvelle révolution politique. Ici, tout comme Lénine après la Révolution d’octobre, l’ex-créateur de l’Armée rouge a fait preuve d’aveuglement. Il avait conservé une approche déterministe et optimiste de la situation, ce qui faussait sa perception de l’évolution sociale et politique en URSS. Cet aveuglement était, selon moi, attribuable au fait que l’infrastructure économique était demeurée de type socialiste et au fait que Staline se déclarait fidèle au marxisme-léninisme. Donc, nous avons ici, tout comme dans notre précédent commentaire, un crime effectué par Joseph Staline et la bureaucratie, mais également une tragédie parce que la gauche soviétique n’a pas saisi la véritable nature du problème. En fait, avec Staline, l’Union soviétique ne correspondait plus à la conception marxiste-léniniste de l’Etat et avait cessée d’être socialiste. Donc, Trotsky avait tord de clamer la nécessité d’une révolution politique et aurait dû proclamer la nécessité d’un renversement de l’Etat stalinien du même type que celui qui a renversé le tsar.

A la mort de Staline, la bureaucratie faisait face à une double interrogation : qui allait remplacer le « petit père des Peuples » et est-ce que l’on allait remettre en cause leurs privilèges ? En effet, sous Staline, la bureaucratie avait bénéficié d’un système qui lui assurait son auto-reproduction. Mais avec la disparition de Staline, apparut une remise en cause du stalinisme et une volonté de dénoncer les excès perpétrés entre 1924 et 1953. Le danger venait de Krouchtchev qui bénéficiait de l’appui d’un bureau politique lui-même victime de la paranoïa de leur défunt dirigeant. Par ailleurs, la coercition par la peur n’obtenait plus les mêmes résultats, et dans la société naissaient de forts mouvements de résistance. Krouchtchev finit par prendre l’avantage sur les staliniens et dénonça les horreurs du stalinisme suffisamment pour s’assurer du soutien d’une large majorité des membres de la bureaucratie et du Parti. Suffisamment, mais pas totalement. Seulement, Krouchtchev, dès 1956, s’attaqua aux privilèges d’une bureaucratie qui, pensait-il, possédait trop de pouvoir politique. En 1964, la bureaucratie parvint à obtenir son renvoi avec l’aide de l’armée. Mais qu’elle était cette résistance ? Pour comprendre cette victoire de la bureaucratie, il faut saisir la nature du système soviétique. Une nature qui limitait la compréhension du processus administratif.

En Union soviétique, le pouvoir était exercé par une bureaucratie de Parti et d’Etat, dans le contexte d’une économie planifiée. Cette bureaucratie était le produit d’une révolution qui a exproprié la bourgeoisie, donc qui a aboli le capitalisme en Russie. De par ses fonctions, elle est surtout intéressée à préserver son pouvoir absolu et les privilèges qui en sont issus. Cet intérêt limite tout avantage que la bureaucratie peut tirer de l’économie planifiée et de la souveraineté nationale. Les intérêts collectifs de la bureaucratie sont directement liés à la gestion efficace de l’économie et à sa protection contre toute menace impérialiste. En d’autres termes, cela implique que la concentration qui en est issue est l’essence même du système soviétique qui n’est ni capitaliste ni socialiste.



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