SOYOUZ : DEFICIT DE CONFIANCE
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SOYOUZ : DEFICIT DE CONFIANCE
Les dirigeants de la NASA ont décidé de ne pas attendre les conclusions de la commission russe chargée d'enquêter sur les causes de "l'atterrissage balistique" du vaisseau Soyouz et de son équipage et de lancer une nouvelle navette vers la Station spatiale internationale (ISS) le 31 mai.
Il s'agit, somme toute, d'une bonne nouvelle : le transporteur américain mettra en orbite et livrera à l'ISS près de 20 t de matériel indispensable. Mais, malgré tout, que les Américains craignent sérieusement de se retrouver en tête à tête avec un vaisseau russe Soyouz n'est guère réjouissant. Un vaisseau Soyouz est amarré en permanence à l'ISS. Ce serait le seul moyen de se sauver pour les cosmonautes si quelque chose devait arriver à la station.
On ne peut tenir que comme une maigre consolation la déclaration faite le 19 mai, lors d'une conférence de presse, par l'administrateur adjoint de la NASA, Bill Gersteinmeier, déclaration selon laquelle en cas de situation imprévue, le Soyouz constituerait un moyen sûr de sauver l'équipage. Apparemment, les gens de la NASA n'ont rien trouvé d'autre à dire dans cette situation.
L'Agence spatiale russe (Roskosmos) prévoit d'établir et de rendre publiques avant la fin mai les causes de l'atterrissage "rude" du dernier Soyouz. Toutefois, un mois après cet incident, Efim Mejeritski, directeur général de l'une des principales entreprises spatiales russes - le Centre de construction de système automatiques et d'instruments de mesure Piliouguine - était contraint de reconnaître à la télévision qu'"il n'y a à ce jour aucune réponse concrète".
On est probablement bien conscient, à Cap Canaveral, que ce n'est pas la peine d'attendre cette réponse qui, si l'on se fonde sur l'expérience passée, se ramènera à un câble ou un capteur endommagé. Et qu'est-ce que cette réponse pourrait bien changer pour les Américains ? Absolument rien.
Les amateurs de voyages interplanétaires lointains qui réduisent, par économie, le programme encore parfaitement sûr de Space Shuttle, ne savent que faire. Comme le note un rapport spécial du Congrès réalisé à la mi-mai, les Etats-Unis, après 2010, seront privés pendant plusieurs années de leurs propres engins spatiaux pour amener dans l'espace et ramener sur Terre leurs astronautes. Quoi qu'il fasse et quelles que soient les conclusions des Russes sur les "chutes" de Soyouz qui reviennent avec une fréquence inquiétante, le principal financier de l'ISS devra adresser des demandes pour pouvoir utiliser ces vaisseaux.
Si bien que nos partenaires n'ont pas trop le choix. Certes, Roskosmos a fini par tomber d'accord avec l'Agence spatiale européenne pour poursuivre la "préparation détaillée" d'un projet de système de transport spatial commun. Mais, comme l'a annoncé le Service de presse de Roskosmos, le premier vol piloté n'interviendra qu'en 2018.
Quant aux Américains, ils n'ont plus qu'à louer en public la sûreté des Soyouz, et à ne s'assurer que pour les cas extrêmes.
Selon les spécialistes de la NASA, le risque de voir surgir, dans les six mois à venir, une situation qui obligerait à utiliser les vaisseaux Soyouz pour sauver l'équipage de la station est de 1 sur 124. Cependant, comme l'a noté Gersteinmeier, la possibilité est envisagée que la navette Discovery, lancée le 31 mai, atterrisse avec huit astronautes à son bord.
Quelques explications. L'équipage de la navette compte sept membres. Il est prévu que l'un d'entre eux, l'astronaute Greg Chamitoff, remplace à bord de la station son compatriote, l'ingénieur Garrett Reisman, qui repartira vers la Terre. En cas d'incident, les Américains se préparent à regagner la Terre à huit. Les Américains ne veulent pas qu'un des leurs coure un risque quelconque, même à hauteur de 1 pour 124.
Et pendant que l'on discutaille de tout cela, la NASA ne renonce pas à son souhait de "bricoler" rapidement quelque chose de simple, exclusivement pour les vols vers l'ISS. Elle se prépare, dans cette optique, à accorder un demi-milliard de dollars pour financer des firmes privées avec lesquelles il est prévu de conclure des contrats. A quoi tout cela conduira-t-il et comment évoluera par la suite le programme de l'ISS, si l'on va proposer aux "privés" de travailler à bord de la station ?
jimmyolsen- Admin
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