CULTURE CONTRE GHETTO EN MACEDOINE
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CULTURE CONTRE GHETTO EN MACEDOINE
Du 4 au 6 avril, le Forum Skopje a rassemblé dans la capitale macédonienne de nombreux artistes, hommes politiques et penseurs afin de débattre de la coopération entre la société civile et les autorités. Un thème majeur s’est imposé dans les débats, celui de la multiculturalité, que de nombreux participants ont revendiqué comme la base sur laquelle doit se fonder en Macédoine la coexistence d’entités culturelles, ethniques et religieuses.
On attribue souvent à Jean Monnet une phrase selon laquelle, s’il avait dû reprendre la création de l’Union européenne (UE) depuis le début, il aurait « commencé par la culture ». Lorsque les courants sociaux sont menacés et les modèles politiques bloqués, la culture pourrait s’avérer être la réponse la plus simple, la plus sûre, la plus rapide et la moins chère.
« Le modèle macédonien le plus éprouvé, et qui a fonctionné avec succès pendant des siècles, est le modèle multiculturel de coexistence de plusieurs entités ethniques, culturelles, religieuses, etc. », affirme le député Vasko Šutarov (VMRO-DPMNE). Il reconnaît cependant que ce modèle a ses faiblesses. « Lorsqu’on parle de modèle multiculturel, il ne s’agit pas seulement d’une proportion, d’un pourcentage, d’un chiffre exprimant la coexistence des besoins et des valeurs des différentes entités culturelles. Ce n’est pas non plus un parallélisme institutionnel de la culture majoritaire et des cultures minoritaires, dans lequel l’une et les autres deviennent otages d’une conception proportionnelle qui paralyse et donne de l’espace culturel macédonien une image figée », ajoute-t-il.
Cloisonnements
L’actrice et productrice Labina Mitevska, forte de sa carrière européenne, souligne qu’en Europe les différents cultures se connaissent mal les unes les autres. L’Europe reste pour elle un continent traversés de frontières. « Vous rappelez-vous la dernière exposition d’un artiste bulgare que vous avez visitée ? Avez-vous jamais assisté à une pièce belge ? Vous souvenez-vous du dernier film croate que vous avez vu ? Pouvez vous recommander un bon livre d’un auteur macédonien ? Connaissez vous un artiste autrichien ? Pouvons-nous être encore plus ignorant que nous le sommes aujourd’hui ? L’Europe signifie beaucoup de choses diverses. Malheureusement, cela reste un continent divisé par ses frontières, ses passeports, ses devises, ses journaux, ses histoires et ses cultures », souligne-t-elle.
Sa sœur, la réalisatrice Teona Strugar-Mitevska, lui renvoie la balle : le cinéma est un vecteur de coopération internationale. « Mon dernier film, Je suis de Titov Veles, a été réalisé en coproduction par quatre pays européens. Nous l’avons tourné à Veles. L’équipe comptait dix-huit nationalités. Au cours des douze semaines de tournage, ces différentes cultures ont partagé des émotions, des sourires, des histoires d’amour. Nous avons appris des mots venant d’autres langues, des chansons traditionnelles, des codes vestimentaires ou culinaires. Vous ne pouvez pas imaginer quelle énergie circulait entre nous dans cette petite ville. Quand le tournage s’est terminé, personne ne voulait rentrer chez soi : la Macédoine était devenue parfaite pour nous tous. Le soleil brûlant était beau pour nous, le mauvais hôtel était devenu à nos yeux le ‘Ritz’, nous aimions même les moustiques locaux ! Tout cela parce que nous avions reconnu la valeur de nos différences. »
Pour elle, ce type de rencontre est riche en bénéfices de tous types. « L’impact économique du film sur l’économie locale a été encore plus important. Nous avons dépensé 600.000 euros. Veles ne deviendra pas un centre de l’industrie cinématographie, mais des bénéfices économiques ont été générés, et mieux encore : des bénéfices culturels. Beaucoup d’Européens y sont venus juste pour connaître la ville et le pays. Beaucoup de familles de nos partenaires sont venues en vacances en Macédoine. Seuls les artistes peuvent tout donner sans penser aux bénéfices. C’est pourquoi l’art est quelque chose de majeur dans une culture. L’art est une langue universelle, que tout le monde parle et tout le monde comprend », raconte la réalisatrice.
Elle en appelle à une démarche de rencontre des cultures les unes avec les autres. « Nous ne laissons pas beaucoup d’espace aux jeunes européens pour se connaître mieux. Combien de temps faut-il porter la croix de nos parents, qui ont connu les guerres, l’hostilité, les espions ? Tout le monde connaît les histoires de cœur de Sarkozy, ou ce que feront Blair et Schröder de leur retraite. On suit les procès à La Haye et les problèmes du Kosovo. C’est sur la politique que nous sommes contraints d’en savoir le plus les uns sur les autres. Nous devrions plutôt trouver les moyens de découvrir la culture de l’autre, de travailler ensemble, de penser ensemble », insiste Teona Strugar-Mitevska.
Nomadisme
Biljana Tanurovska, du Centre pour de nouvelles initiatives dans l’art et la culture « Lokomotiva », considère également la culture comme un concept lié au dépassement des frontières. Une idée qu’elle illustre par l’Académie de danse nomade, organisée dans six pays de la région.
« L’Académie de danse nomade est un projet complexe qui combine un programme éducatif, un programme de recherche et un programme de production. Ses activités se déroulent dans plusieurs pays de la région. J’ai demandé aux étudiants inscrits pourquoi ils désiraient prendre part à ce type de projet et voyager dans la région au lieu de se former à la danse contemporaine chez eux, en Macédoine. La plupart ont répondu que cette manière d’apprendre leur permet d’élargir leur point de vue et d’en apprendre plus grâce aux différents milieux rencontrés, qui leur sont à la fois proches et lointains. Cela leur permet de découvrir des contextes différents, de vivre des expériences. Cette ouverture et ce type de perception, associées aux connaissances acquises grâce à ce projet, leur permettront de devenir des professionnels ouverts à une communication interculturelle », explique Biljana Tanurovska.
Pour elle, ce type de projet donne un accès à la mobilité pour les artistes et les acteurs culturels. Cela permet de « démarginaliser » des artistes effectivement mis à la marge, d’échanger des idées, de surmonter les différences et de franchir les barrières. Tout en créant des emplois et en élargissant le marché vers l’étranger.
« Je pense moi aussi que la culture et l’art élargissent les points de vue au quotidien, et c’est ainsi que les projets doivent fonctionner. Malheureusement cette perception ne semble pas être partagées par les concepteurs de la politique culturelle en Macédoine. Ce n’est qu’en dépassant les frontières politiques et personnelles qu’il pourront créer les conditions pour que ces opportunités se présentent en Macédoine, et pas seulement en Europe. »
jimmyolsen- Admin
- Nombre de messages : 391
Date d'inscription : 23/04/2008
Feuille de personnage
openplay:
comme partout
la culture au secours de la marginalisation est en fin de compte une recette qui a cours dans tous les pays du monde ou presque. le problème est que les résultats sont plus que mitigés : les banlieues en France, l'effondrement de la moralité et l'explosion de la délinquance dans les pays de l'Est... la culture n'a jamais permis de lutter contre l'exclusion. Elle n'a fait que mettre un peu de plâtre sur les problèmes. Mais que le plâtre est fragile...
Gerondif- Invité
tout juste Gérondif
la culture pour combattre les inégalités n'a jamais rien amené de bon, certes, mais elle n'a jamais nuit non plus. C'est un plâtre, certes, mais il y a tellement de plâtre dans nos sociétés en voie de dislocation... la culture comme remède à tous les mots, tout à fait socialiste ça. Ce soir, j'ai vu à la RTBF qu'en France, en Champagne Ardennes, il y avait eu encore des émeutes suite à un réglement de compte entre petits truants merdiques. Voilà le résultat de la culture contre les inégalités : le bordel dans les rues.
lukasdeb- Invité
je suis d'accord
je suis d'accord avec l'affirmation que la culture ne peut pas palier les indigeances des politiques d'intégration. Depuis près de vingt cinq ans, dans tous les pays d'Europe occidentale, toutes ces stratégies ont lamentablement échoué malgrés les fortunes qu'on y a investi. mais la macédoine est un pays jeune qui a besoin d'apprendre. On ne peut pas les blamer. Tout ce qu'on peut leur reprocher, c'est peut-être de ne pas tirer des conclusions des expériences qui ont été faites ailleurs. le plus pathétique étant le modèle français.
emarcel- Nombre de messages : 38
Age : 53
Date d'inscription : 09/06/2008
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