LA CROATIE ENTRE OTAN ET MOUVEMENT DES NON ALIGNES
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LA CROATIE ENTRE OTAN ET MOUVEMENT DES NON ALIGNES
La Croatie a encore participé, en qualité d’observateur, à la dernière réunion ministérielle des non-alignés, le 30 juillet dernier à Téhéran. En tant que futur membre de l’OTAN, la Croatie devra cependant renoncer à sa participation active au Mouvement des non-alignés. Elle devrait perdre son actuel statut d’observateur pour celui d’invité, que possède certains États, comme le Saint-Siège, les USA ou l’Allemagne.
Au début de la réunion de Téhéran, le président iranien Mahmoud Ahmadinedjad a qualifié l’ONU « d’intrument des grandes puissances » et a dénoncé l’acte d’accusation lancé contre le président soudanien Omar al-Bashir. Le ministre des Affaires étrangères iranien a invité les 118 pays membres du mouvement à soutenir l’adhésion de l’Iran au Conseil de sécurité de l’ONU.
Ce type de positions est caractéristique de toutes les réunions du Mouvement des non-alignés depuis ses débuts, et surtout depuis la chute du Mur de Berlin - rappelons-nous la tumultueuse réunion tenue en 1989 à Belgrade.
La Croatie était représentée à la réunion de Téhéran par son ambassadeur en Irak, Esad Prohić. Après l’invitation à devenir membre de l’OTAN, le futur statut de la Croatie dans le Mouvement des non-alignés sera remis en question. Elle devra probablement renoncer à son statut d’observateur. Le Mouvement a précisément été créé en 1956 par Tito, le Président égyptien Gamal Abdel Nasser et son homologue indien Jawaharlal Nehru, pour rassembler les pays qui n’appartenaient ni à l’OTAN, ni au Pacte de Varsovie, les alliances symboles de la guerre froide. Malte et Chypre ont quitté le Mouvement au moment de leur adhésion à l’UE. Ces pays n’ont même pas conservé un statut d’observateurs.
Le Président croate Stjepan Mesić avait participé au dernier Sommet du Mouvement, à La Havane en 2006. Il expliquait cette représentation de haut niveau, la première depuis l’indépendance de la Croatie, par une politique de coopération renforcée avec les pays du tiers monde et le besoin de lobbying pour que la Croatie soit élue membre temporaire du Conseil de sécurité.
Budimir Lončar, le conseiller diplomatique du Président de la République, ne pense pas que le statut de simple observateur soit incompatible avecl’adhésion à l’OTAN, parce que, ces dernières années, le Mouvement s’est transformé pour répondre à la nouvelle réalité politique. Cependant, la Croatie et l’Ukraine restent les seuls pays ayant le statut d’observateur.
« Il est évident que le mouvement a survécu la fin de la guerre froide ce qui démontre son importance et sa solidité politique, non seulement pour les États-membres, mais aussi dans le cadre de l’ONU », estime Budimir Lončar.
Ivo Banac, président du Comité Helsinki de Croatie (HHO), ne voit pas de problème à ce que la Croatie conserve un statut d’observateur parallèlement à son adhésion à l’OTAN. Le statut d’observateur ne donne pas droit au vote ni à la prise de décision, mais garantit une bonne position pour le lobbying.
Le politologue Damir Grubiša défend également le développement de bonnes relations avec les non-alignés, mais il souligne que le Règlement interne du Mouvement imposera à la Croatie de se contenter d’un statut d’invité. Cependant, le mouvement ne connaît pas le statut d’invité permanent. Damir Grubiša ajoute également que « l’OTAN incite à la coopération avec ces pays et cette organisation ».
Cependant, la Croatie quittera le Mouvement, qui reste très lié au souvenir de Josip Broz Tito, participant actif de tous les sommets, du premier à Belgrade jusqu’au sommet à La Havane en 1979, où il s’était opposé à la proposition de Fidel Castro de définir « les amis naturels du mouvement ». Durant cette période, la Yougoslavie recevait régulièrement la visite de nombreux chefs politiques des pays du tiers monde, certains très exotiques, comme le criminel Idi Amin Dada.
Les non-alignés, de Nehru et Tito à Mahmoud Ahmadinedjad
Le Premier ministre indien Jawaharlal Nehru fut le premier à opter pour une « voie moyenne » face aux intérêts des deux blocs politico-militaires, à Colombo, en 1954. Les cinq principes (pancha shila) adoptés à la conférence afro-asiatique de Bandung en 1955 ont coїncidé avec son idée, et le caractère global du mouvement a été défini par Nehru (Inde), Josip Broz Tito (Yougoslavie) et Gamal Abdel Nasser (Egypte), en 1956, dans l’île de Brioni, en Croatie.
Ces trois hommes d’Etat, soutenus par Soekarno (Indonésie) et Kwame Nkrumah (Ghana) ont convenu, lors de la 15e séance de l’Assemblée générale de l’ONU, d’organiser le premier sommet des pays non-alignés, qui a eu lieu à Belgrade en 1956. Le dernier et 14e Sommet a eu lieu à La Havane en 2006.
Dans la volonté de maintenir une distance équilibrée par rapport aux blocs américain et soviétique, Tito a promu l’idée du mouvement des non-alignés comme doctrine idéologique de la politique extérieure yougoslave. Deux Présidents fédéraux de la Yougoslavie, tous deux de nationalité croate, ont assumé la fonction de Secrétaire général du mouvement : Josip Broz de 1961 à 1964, et Stjepan Mesić en 1991.
Après son indépendance, la Croatie a choisi une politique pro-occidentale, d’ailleurs davantage liée aux USA qu’à l’Union européenne, tandis que tous les partis politiques croates soutiennent l’adhésion formelle du pays à l’OTAN.
thierry.F- Nombre de messages : 138
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