la politique énergétique de la Grèce
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la politique énergétique de la Grèce
La Grèce n’échappe pas à la conjoncture énergétique européenne et mondiale et s’interroge sur la façon dont elle pourrait s’alimenter en énergie sans en payer le prix fort. Dans le même temps, on constate la présence de plus en plus forte d’une réflexion d’ordre écologique qui oriente les débats vers les sources d’énergie renouvelables. Mais toutes les solutions envisagées ne suscitent pas l’enthousiasme.
L’actualité énergétique la plus « brûlante » est celle de l’énergie solaire. Le journal Ta Nea semble tout heureux de nous apprendre l’initiative réalisée dans le département d’Arcadie (Péloponnèse) : à partir de l’été 2009, 7.000 foyers seront alimentés en énergie électrique générée uniquement par des panneaux solaires. Cette bonne nouvelle est due à la création prochainement avalisée de la société DEI Renouvelables, filiale de la société nationale grecque DEI (Entreprise nationale d’électricité), qui met en place un parc d’équipement de production d’électricité par énergie photovoltaïque à proximité de la ville de Mégalopolis. Le parc aura une capacité de 50 mégawatts, constituant ainsi le deuxième plus grand parc de la sorte en Europe, après celui de Leipsig en Allemagne. Le site sera installé sur la zone d’une ancienne mine de lignite appartenant à DEI mais dont l’exploitation a cessé. Evidemment, l’ampleur du projet et la révolution qu’il implique provoque quelques réticences, en particulier de la part des riverains. « Cependant, comme l’assure DEI, il n’y aura aucun désagrément visuel pour les habitants du fait de la topographie du site, puisqu’il se trouve à 30 mètres de hauteur de décalage par rapport à la ville et en sera séparé par un parc de 30 hectares. Les arbres déjà présents sur le site, en plus d’une rangée de nouvelles plantations qui pousseront à sa limite nord constitueront, selon DEI, un barrage à tout contact entre le site et la ville de Mégalopolis ». La société de production d’électricité se veut très rassurante en citant des exemples européens de parcs comparables pour lesquels aucun désagrément n’a été signalé pour les voisins.
De fait, il semble que l’énergie solaire soit une source très profitable pour l’économie de la Grèce de demain. Parallèlement à ce projet de production d’énergie, des entreprises de fabrication de panneaux solaires photovoltaïques voient le jour dans plusieurs centres industriels du Péloponnèse qui « ambitionne de devenir le plus grand centre de développement de la technologie de l’énergie solaire en Grèce » (Ta Nea). Patras et Tripoli, en particulier, misent sur le développement mondial de ce type de source énergétique et leurs entreprises reçoivent déjà des commandes d’Allemagne et d’Espagne. La société grecque Solar Cells Hellas a ouvert des usines l’année dernière, et elle sera suivie par trois autres, qui commenceront leurs activités de production en 2009. La fameuse lumière grecque recherchée par tant de touristes enfin captée et exploitée…
Collègue d’Hélios dans la mythologie grecque, Eole n’est pas en reste dans la bataille des énergies renouvelables. C’est ce qu’on apprend dans un billet paru dans To Vima, dans lequel son auteur, Ioannis Zampetakis, s’insurge contre la « propagande menée par les autorités de la commune de Sturea contre ce qu’ils appellent la forêt de métal, c’est-à-dire contre les éoliennes ». Cette commune de l’île d’Eubée, soutenue par d’autres, refuse que soient installées sur son territoire les grandes silhouettes de métal qui pourraient pourtant fournir beaucoup d’électricité, grâce à la force du vent dans ce secteur. L’enseignant en chimie de l’alimentation à l’université d’Athènes qui a rédigé ce papier reprend les trois arguments avancés par les autorités locales pour mieux les contrer :
Déjà trop d’éoliennes dans les parages ? Naturellement, c’est ici que le vent souffle le plus fort en Eubée.
Destruction de la beauté naturelle du site et conséquemment risque de diminution du tourisme ? Faux, puisque les éoliennes ne se voient pas de la fenêtre des hôtels de la ville.
Elles provoquent trop de bruit ? Trop de bruit, dans une zone où il vente 300 jours sur 360, au point que le seul bruit qui puisse pénétrer dans les maisons est le bruit du vent ! En retour, l’universitaire avance les bonnes raisons pour accepter cette nouvelle énergie : en particulier une énergie propre qui limitera les risques de pollution des sols qui, souligne-t-il, « se retrouve dans nos assiettes à l’heure actuelle » !
Diminution de la pollution, voilà le maître mot sous la plume de Grigoris Nikolopoulos dans To Vima du 15 mai. Et pour lui, cette diminution, plus que nécessaire dans « le pays le plus beau et le plus sale d’Europe », peut passer par l’énergie nucléaire. Au moins par l’ouverture d’un débat sur la question car, regrette-t-il, « personne ne veut du nucléaire en Grèce. Ce refus, qui avait du sens autrefois, est devenu un axiome, un dogme. Tout le monde le croit sans le réexaminer. Et les hommes politiques répètent ce refus comme des perroquets, craignant que la seule mention du mot ‘nucléaire’ leur fasse perdre leur siège ». En fait, l’auteur de l’article défend la position du ministre de l’Environnement grec, qui proposait l’ouverture d’un débat sur le sujet. Il attaque les arguments des anti-nucléaires qu’il juge dépassés :
Les voisins balkaniques possédant des centrales nucléaires sur leur sol, le danger est le même pour les Grecs : « Si la centrale de Bulgarie explose, nous en subirons les mêmes conséquences que les Bulgares ».
L’énergie nucléaire ne pollue pas puisqu’elle ne rejette pas de dioxyde de carbone dans l’air.
La technologie mise au point par les Japonais pour construire des centrales résistantes aux séismes est aujourd’hui très fiable.
Enfin ce type de production assurerait l’indépendance énergétique de la Grèce. Mais le pays ne semble pas prêt.
Quelle solution reste-t-il alors à envisager ? Celle d’un partenariat inter-balkanique, selon la proposition de Panagiotis Gennimata qui s’exprimait dans Kathimerini le 20 juillet dernier. Ce haut représentant grec de la Banque européenne d’investissements prône une politique énergétique commune aux pays de la péninsule balkanique. Il prévoit plusieurs avantages à une telle coopération : « elle permettra de diminuer le coût total d’investissement et de fonctionnement. Un programme national autonome, même s’il s’impose pour des raisons théoriques de sécurité, conduit généralement à l’impasse. Aucun pays de cette zone, hormis peut-être la Slovénie, n’a ni ne prévoit d’avoir les moyens ni les ressources pour couvrir ses besoins en énergie ». Panagiotis Gennimata pense aussi pouvoir ainsi lutter contre les monopoles du type Gazprom. Reconnaissant que la péninsule présente encore quelques risques au niveau politique, il croit cependant à l’influence de l’Union européenne et de l’intégration de plusieurs de ces pays à l’OTAN pour stabiliser la région et permettre ces grands investissements internationaux qui s’inscriraient dans « un réseau de relations commerciales déjà bien développé entre ces états et qui continue à s’épanouir avec un dynamisme impressionnant. La Serbie en particulier ne va pas tarder à prendre sa place dans le dynamisme pro-européen de la région avec de multiples répercussions positives ».
Mais si politique énergétique commune balkanique il doit y avoir, dans quel type d’énergie se développera-t-elle ? Finalement, notre question de départ reste en suspens...
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