Baisse de la fertilité humaine : les perturbateurs endocriniens dans la ligne de mire
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Baisse de la fertilité humaine : les perturbateurs endocriniens dans la ligne de mire
Alors qu’avec la mise en œuvre du règlement REACH l’Europe est en train de modifier son approche des produits chimiques utilisés sur son territoire, les inquiétudes sanitaires résultant de l’omniprésence des produits chimiques dans l’environnement s’accroissent. À l’augmentation des allergies chez l’enfant et des cas de cancers, s’ajoutent depuis quelques années une diminution de la fertilité humaine. Depuis une cinquantaine d’années, la production spermatique des hommes a diminué de moitié environ, l’incidence du cancer du testicule a augmenté de près de 5%. De plus en plus de couples peinent ainsi à concevoir tandis que les malformations génitales se multiplient chez les petits garçons.
Même si le débat reste vif pour savoir quelle part relève des évolutions démographiques et des techniques médicales de diagnostic et quelle est celle qui est imputable aux modifications de l’environnement, les produits chimiques sont fortement suspectés. Certains ont déjà démontré en laboratoire leur effet cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction (CMR) et des effets similaires sont observés chez les espèces sauvages et notamment les poissons et les amphibiens.
Certains produits chimiques interagissent en effet avec les hormones et perturbent par conséquent certaines fonctions du corps : croissance, développement, comportements, reproduction, production, utilisation et stockage de l’énergie. Dénommées « perturbateurs endocriniens », ces molécules de synthèse peuvent imiter, gêner voire entraver l’action d’une hormone naturelle.
L’Europe a établi en 2007 une liste de 320 substances susceptibles de perturber le système endocrinien humain. Cette liste comprend plusieurs familles de substances chimiques dont les phtalates, les phyto-oestrogènes, la dioxine, certains pesticides et métaux lourds, des composés bromés, etc. Aujourd’hui ces produits sont utilisés dans les cosmétiques, pour la fabrication des plastiques souples ou en grande quantité en agriculture. Résultat, l’ensemble de la population est potentiellement exposé à ces produits même à faible dose.
Un colloque pour présenter les dernières avancées scientifiques
Cette notion de faible dose est d’ailleurs sujette à controverse dans le milieu scientifique car il est encore très difficile d’établir une relation dose-effet précise. De nombreuses études sont actuellement menées aux Etats-Unis, en Europe et notamment en France. Une équipe multidisciplinaire française rapporte ainsi les résultats d’une étude sur les effets des phtalates (matière plastique) sur la fonction de reproduction. Des cellules de testicule de fœtus humain ont été mises en culture pendant 3 jours, en présence ou non de phtalate. L’analyse a montré une diminution du nombre des cellules germinales lors de la culture avec addition d’un phtalate. Il s’agit de la première démonstration de ce type.
Un groupement d’équipes françaises, financées majoritairement par l’Afsset, rapporte également ses travaux sur les retardateurs de flamme bromés, contaminants utilisés dans la fabrication d’équipements industriels et domestiques, tels que téléviseurs, ordinateurs, textiles, matériel électrique. Les travaux montrent que sur la population française, les formes chimiques dites « deca-PBDE » sont les principales molécules de la classe « retardateurs de flamme bromés » présentes dans les graisses, le lait maternel et le sang. Résultat : le composé à doser, marqueur d’une exposition potentiellement toxique, a donc potentiellement été identifié.
Le Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire (MEEDDAT) organise d’ailleurs un colloque sur le sujet le 25 novembre afin de faire le point sur les dernières avancées scientifiques. Le même jour, la chaîne ARTE diffusera le documentaire « Mâle en péril » centré sur les questions de fertilité masculine et construit autour de la parole des chercheurs.
Prévention essentielle pour les populations à risque
Malgré les incertitudes scientifiques, de grosses suspicions pèsent ainsi sur les perturbateurs endocriniens et les produits chimiques en général. En attendant la campagne d’information destinée aux femmes enceintes et aux parents de jeunes enfants promise par le ministère de la santé, la secrétaire d’Etat à l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet conseille de limiter au strict nécessaire l’usage des cosmétiques et des produits ménagers : on a des informations sur certains produits, donc on peut essayer de faire attention à certains âges de la vie, explique-t-elle.
Mais le véritable enjeu consiste bien à remplacer progressivement ces produits par d’autres moins nocifs ou totalement inoffensifs. La responsabilité en incombe aux industriels. À travers la mise en œuvre du règlement européen REACH, ces derniers sont obligés de renseigner l’Europe sur les propriétés chimiques, toxicologiques et écotoxicologiques des substances qu’ils veulent utiliser dans leurs procédés ou mettre sur le marché. Alors qu’avant c’était le rôle de la puissance publique de démontrer la dangerosité des substances, c’est désormais aux professionnels de prouver l’innocuité de leurs produits, explique Nathalie Kosciusko-Morizet. Rappelons également que pour les substances les plus dangereuses, la phase d’autorisation est plus contraignante et plus coûteuse pour l’industriel. À terme, le règlement pourrait donc inciter à la substitution de ces produits. En revanche, l’interdiction pure et simple de ces substances semble être une option moins probable au regard des règles de commerces européennes et internationales. Malgré l’existence d’un signal d’alarme, il est difficile d’interdire un produit de manière unilatérale sur le marché européen sans preuve formelle de sa toxicité, prévient Nathalie Kosciusko-Morizet.
nadineBXL- Nombre de messages : 15
Age : 48
Date d'inscription : 16/06/2008
Re: Baisse de la fertilité humaine : les perturbateurs endocriniens dans la ligne de mire
Mais est-ce qu’une procréation « naturelle » est-elle encore souhaitable ? Ne faudrait-il pas plutôt envisager une procréation artificielle, c.-à-d. avec des moyens scientifiques et techniques, et prise en charge par l’Etat ? Parallèlement des recherches devraient être faites pour éradiquer le besoin sexuel au moyen de substances ou de procédés sans effets secondaires. Ainsi l’humanité serait débarassée d’un problème important. Une humanité sans la sexualité serait vraiment un énorme bienfait, à beaucoup de points de vue.
Alotar- Nombre de messages : 24
Age : 107
Emploi/loisirs : kayak sur le danube
Date d'inscription : 29/08/2008
Re: Baisse de la fertilité humaine : les perturbateurs endocriniens dans la ligne de mire
On arriverait au "Meilleur des Mondes"
t-34_85- Nombre de messages : 7
Age : 35
Emploi/loisirs : Etudiant en psychologie
Date d'inscription : 17/05/2008
@Alotar
Alotar, je t'aime bien, mais moi, un monde sans sexe (et de bière) et je pête une durite !
nivelloi- Invité
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