Le paradoxe caspien selon Gazprom

[vanpattent]

Si les médias français ont bien relayé les récentes déclarations à Deauville d'Alekseï Miller, patron de Gazprom, concernant la flambée du prix du gaz (acheté actuellement 410 dollars les 1.000 m3), tous n'ont pas rapporté sa mise en cause, à peine déguisée, des Européens dans cette envolée: «La volonté de diversification à n'importe quel prix a souvent un effet absolument inattendu». Cette allusion à la recherche par l'Union européenne d'alternatives, notamment en Asie centrale, au gaz vendu par la Russie est donc une claire mise en garde adressée aux Européens mais aussi aux Etats-unis et à la Chine.

Pour A. Miller, le «paradoxe caspien» consiste d'une part en un résultat inverse de celui que recherchaient les Européens qui s'attendaient à voir le prix du gaz baisser en augmentant le nombre de vendeurs sur le marché, et d'autre part en une exacerbation de la concurrence entre acheteurs sur les rives de la mer Caspienne.

Des experts russes rendent les Etats-Unis et l'UE responsables de la hausse du prix du gaz par leur activité diplomatique auprès du Turkménistan, détenteur de grandes réserves d'or bleu en Asie centrale. Ce qui permet à l'un d'entre eux, K. Reïli, d'une part de brandir la menace d'un prix à 500 dollars les 1.000 m3 pour la fin de l'année 2008 et d'autre part de faire la part belle à Gazprom : les accords signés en mars dernier entre Gazprom et les trois entreprises nationales Kazmounaïgaz (Kazakhstan), Uzbekneftegaz (Ouzbékistan) et Turkmengaz (Turkménistan) aurait permis au géant russe, en conservant sa place de leader pour la fourniture de gaz centrasiatique, de contribuer à l'accroissement de la concurrence....

Et l'ex patron de Gazprom, Viktor Tchernomyrdine, de déclarer que poser des conditions anti-Gazprom comme l'a fait la Commission européenne, revient à nuire aux intérêts des consommateurs européens.