LA LECON PORTUGAISE
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LA LECON PORTUGAISE
Le premier ministre José Socrates, arrivé au pouvoir en février 2005, l’avait dit : il n’est plus possible pour le Portugal de supporter des déficits et un endettement publics qui hypothéquaient l’avenir du pays. En clair, il annonçait une véritable thérapie de choc largement soutenue par la Commission européenne et que beaucoup d’économistes vouaient déjà à l’échec tant les conséquences sociales seraient importantes. Sans compter que l’instabilité chronique de la politique portugaise pouvait laisser à penser qu’une telle politique d’austérité entrainerait la chute du gouvernement et des élections anticipées. Il faut dire, qu’au regard de l’orthodoxie bruxelloise, la situation était quelque peu délicate avec un déficit public à plus de 6%. Pour le ramener à 3% et ainsi entrainer mécaniquement un désendettement de l’Etat, il fallait tailler allègrement dans les dépenses de l’Etat et avant tout dans la masse salariale de la fonction publique. Malgré les manifestations quasi hebdomadaires durant 2006, en 2007, le déficit public était ramené à 2,6%, permettant un excédent de 1,2 milliards d’euros pour la seule Sécurité sociale. Quant à la dette publique, elle st passée de 64,7% du PIB en 2006 à 63,6% en 2007. Le succès était au rendez-vous.
Pourtant, tout ne fut pas simple et indolore. A son arrivée au pouvoir, Socrates hérita d’une administration forte de 700 000 fonctionnaires pour 10 millions de portugais. Pour la réduire, il décida de ne remplacer qu’une personne partant à la retraite sur deux et une réduction de 25% de la taille de la fonction publique. Ensuite, il supprime le système de promotion automatique qui permettait à un fonctionnaire incompétent de gravir les échelons hiérarchiques sans jamais être évalué. Ainsi, toute personne subissant deux années d’affilées une évaluation négative allait faire l’objet d’une procédure disciplinaire qui pourrait, dans les cas extrêmes, conduire au licenciement avec la perte de tous les acquis sociaux liés à la fonction précédemment occupée. Au niveau du régime des retraites, les agents de l’Etat voient leurs droits alignés sans exception sur ceux du privé. Au niveau de l’organigramme, 187 organismes et instituts publics ou parapublics sur 568 sont tout simplement supprimés et leurs personnels licenciés ou réembauchés dans les nouvelles structures privatisées. En ce qui a trait à la Sécurité sociale, fin 2006, il a été décidé que l’âge de la retraite serait automatiquement réévaluée en fonction de l’évolution de l’espérance de vie, avec un âge de base de 65 ans devant être obligatoirement porté à 66 ans avant début de ce processus. Il est déjà prévu que le fonctionnaire comme le salarié, ne pourra pas prétendre à sa retraite avant 68 ans d’ici 2011. Dans le privé, en cas de départ précipité, les pénalités dans le calcul du montant des pensions seront renforcées et pour ceux qui voudront travailler au-delà de 68 ans, des bonus seront attribués voir même des avantages fiscaux accordés. Pour ce qui est des retraites, tous secteurs confondus, elles seront plafonnées à 4630 euros et seront calculées sur les revenus de l’ensemble de la carrière et non plus sur les 15 meilleures années. Pour soutenir ce désendettement à marché forcé, la TVA est passé de 19 à 21%.
Mais cette politique de réduction du déficit et de l’endettement public a demandé de lourds sacrifices sociaux et économiques. Hors crise économique mondiale, le Portugal a connu un accroissement du PIB de 1,5% contre 2,2% avant la mise en place de la politique budgétaire. La raison en est que les portugais avaient déjà un pouvoir d’achat des plus réduits. Ainsi, un sur cinq possédaient un emploi précaire. Selon l’Institut national des statistiques, 1,2 millions de personnes sur 5,6 millions d’actifs sont concernées. Sans compter que 600 000 à 900 000 seraient en fait de faux indépendants employés par les entreprises et les administrations sans aucune couverture sociale qui sont fragilisées par la politique d’austérité. D’autre part, l’augmentation de la TVA a frappé de plein fouet les retraités. Plus du tiers des retraités portugais reçoivent moins de 400 euros, ce qui les oblige à poursuivre leurs activités illégalement pour survivre. Devant le café Nicolas de la place centrale de Lisbonne Pedro IV, des femmes de 70 à 80 ans vendent des broderies et des babioles pour s’en sortir alors qu’elles ont des carrières complètes et ont souvent commencé à travailler à l’âge de 14 ou 15 ans. Selon Eurostat, l’institut économique européen, pour un portugais, prendre sa retraite à 65 ans et vivre décemment est désormais un luxe pour la classe moyenne. Les bas salaires sont condamnés à la plus grande précarité. Selon Maria Do Carmo Tavares de la Confédération générale des travailleurs portugais (CGTP), citée dans l’Humanité du 23 mars 2008, son syndicat a dans son listing 14 000 personnes de plus de 70 ans qui cotisent toujours à la Sécurité sociale. Selon l’économiste Pedro Cains, cité dans LE Monde du 15 janvier 2008, 26% des portugais de plus de 65 ans actifs vivent au dessous du seuil de pauvreté et 23% de ceux qui ont décidés de prendre leur retraite s’y trouvent. Ce qui veut dire que seuls les moins pauvres peuvent se permettre d’arrêter leurs activités. Mais les retraités ne sont pas les seuls concernés, puisqu’un million de portugais âgés de 18 à 50 ans vivent avec moins de 10 euros par jour selon une étude publiée en juin dernier par Diaro Economic. Pour ce qui est de l’endettement des ménages, selon la Banque du Portugal, il est actuellement de 80% du produit intérieur brut. En somme, l’endettement sert de plus en plus à manger sans espérer rembourser ses dettes un jour.
La question qui se pose au gouvernement portugais, mais aussi à la Commission européenne qui a initiée cette politique socialement destructrice, qui la promeut dans toute l’Union européenne, est de savoir jusqu’à quand les populations vont pouvoir subir cette tiers-mondialisation de nos sociétés ?
Pourtant, tout ne fut pas simple et indolore. A son arrivée au pouvoir, Socrates hérita d’une administration forte de 700 000 fonctionnaires pour 10 millions de portugais. Pour la réduire, il décida de ne remplacer qu’une personne partant à la retraite sur deux et une réduction de 25% de la taille de la fonction publique. Ensuite, il supprime le système de promotion automatique qui permettait à un fonctionnaire incompétent de gravir les échelons hiérarchiques sans jamais être évalué. Ainsi, toute personne subissant deux années d’affilées une évaluation négative allait faire l’objet d’une procédure disciplinaire qui pourrait, dans les cas extrêmes, conduire au licenciement avec la perte de tous les acquis sociaux liés à la fonction précédemment occupée. Au niveau du régime des retraites, les agents de l’Etat voient leurs droits alignés sans exception sur ceux du privé. Au niveau de l’organigramme, 187 organismes et instituts publics ou parapublics sur 568 sont tout simplement supprimés et leurs personnels licenciés ou réembauchés dans les nouvelles structures privatisées. En ce qui a trait à la Sécurité sociale, fin 2006, il a été décidé que l’âge de la retraite serait automatiquement réévaluée en fonction de l’évolution de l’espérance de vie, avec un âge de base de 65 ans devant être obligatoirement porté à 66 ans avant début de ce processus. Il est déjà prévu que le fonctionnaire comme le salarié, ne pourra pas prétendre à sa retraite avant 68 ans d’ici 2011. Dans le privé, en cas de départ précipité, les pénalités dans le calcul du montant des pensions seront renforcées et pour ceux qui voudront travailler au-delà de 68 ans, des bonus seront attribués voir même des avantages fiscaux accordés. Pour ce qui est des retraites, tous secteurs confondus, elles seront plafonnées à 4630 euros et seront calculées sur les revenus de l’ensemble de la carrière et non plus sur les 15 meilleures années. Pour soutenir ce désendettement à marché forcé, la TVA est passé de 19 à 21%.
Mais cette politique de réduction du déficit et de l’endettement public a demandé de lourds sacrifices sociaux et économiques. Hors crise économique mondiale, le Portugal a connu un accroissement du PIB de 1,5% contre 2,2% avant la mise en place de la politique budgétaire. La raison en est que les portugais avaient déjà un pouvoir d’achat des plus réduits. Ainsi, un sur cinq possédaient un emploi précaire. Selon l’Institut national des statistiques, 1,2 millions de personnes sur 5,6 millions d’actifs sont concernées. Sans compter que 600 000 à 900 000 seraient en fait de faux indépendants employés par les entreprises et les administrations sans aucune couverture sociale qui sont fragilisées par la politique d’austérité. D’autre part, l’augmentation de la TVA a frappé de plein fouet les retraités. Plus du tiers des retraités portugais reçoivent moins de 400 euros, ce qui les oblige à poursuivre leurs activités illégalement pour survivre. Devant le café Nicolas de la place centrale de Lisbonne Pedro IV, des femmes de 70 à 80 ans vendent des broderies et des babioles pour s’en sortir alors qu’elles ont des carrières complètes et ont souvent commencé à travailler à l’âge de 14 ou 15 ans. Selon Eurostat, l’institut économique européen, pour un portugais, prendre sa retraite à 65 ans et vivre décemment est désormais un luxe pour la classe moyenne. Les bas salaires sont condamnés à la plus grande précarité. Selon Maria Do Carmo Tavares de la Confédération générale des travailleurs portugais (CGTP), citée dans l’Humanité du 23 mars 2008, son syndicat a dans son listing 14 000 personnes de plus de 70 ans qui cotisent toujours à la Sécurité sociale. Selon l’économiste Pedro Cains, cité dans LE Monde du 15 janvier 2008, 26% des portugais de plus de 65 ans actifs vivent au dessous du seuil de pauvreté et 23% de ceux qui ont décidés de prendre leur retraite s’y trouvent. Ce qui veut dire que seuls les moins pauvres peuvent se permettre d’arrêter leurs activités. Mais les retraités ne sont pas les seuls concernés, puisqu’un million de portugais âgés de 18 à 50 ans vivent avec moins de 10 euros par jour selon une étude publiée en juin dernier par Diaro Economic. Pour ce qui est de l’endettement des ménages, selon la Banque du Portugal, il est actuellement de 80% du produit intérieur brut. En somme, l’endettement sert de plus en plus à manger sans espérer rembourser ses dettes un jour.
La question qui se pose au gouvernement portugais, mais aussi à la Commission européenne qui a initiée cette politique socialement destructrice, qui la promeut dans toute l’Union européenne, est de savoir jusqu’à quand les populations vont pouvoir subir cette tiers-mondialisation de nos sociétés ?
ludovicccc-moiran- Nombre de messages : 18
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Date d'inscription : 09/06/2008
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