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BILAN DE LA SUPERLIGUA RUSSE ET PERSPECTIVE DE LA KHL vol 1

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Message  jimmyolsen Jeu 7 Aoû - 14:57:47

BILAN DE LA SUPERLIGUA RUSSE ET PERSPECTIVE DE LA KHL vol 1 Sapryk10

La Superliga a plus que jamais confirmé qu'elle est le deuxième championnat au monde derrière la NHL. La difficulté grandissante des extérieurs pour s'y imposer, notamment des Russes qui reviennent d'Amérique du nord, est un indice clair de son niveau actuel.

Mais elle ne se contente pas d'être loin devant les autres : c'est avec la NHL qu'elle veut rentrer en compétition. Et pour cela, oubliant la maxime fondatrice du hockey russe selon laquelle "l'original restera toujours meilleur que la copie", elle tente de transposer le modèle nord-américain, avec une ligue fermée répartie en conférences, un plafond salarial, des règles sur les agents libres (les clubs ont la possibilité d'égaler l'offre d'un concurrent sur un joueur), des échanges, une draft (mais avec protection de trois joueurs formés au club par an), etc.

Le résultat sera la création l'an prochain d'une KHL (Ligue continentale de hockey) ouverte à des clubs étrangers, en l'occurrence de Lettonie, d'Ukraine et du Bélarus puisque les étrangers semontrent méfiants sans pouvoir non plus ignorer le géant en train de se former.

Les règles seront très clairement établies pour concurrencer une certaine ligue, puisque les clubs pourront déroger à la masse salariale dès lors que c'est pour recruter un joueur de NHL, ou pour répondre à une offre d'une franchise de NHL qui convoiterait un joueur. Bien sûr, la KHL ne va pas attirer les stars nord-américaines du jour au lendemain, mais elle défend déjà son propre panel : la balance départs/arrivées était déjà en sa faveur l'été dernier.

Si la KHL fait fi des spécificités du hockey russe, elle fait aussi semblant d'occulter la raison très particulière pour laquelle elle s'annonce si puissante : la hausse du prix du pétrole et du gaz a fait exploser les bénéfices des géants du secteur, en premier lieu Gazprom. Le président du conseil d'administration du mastodonte gazier, Aleksandr Medvedev, est l'initiateur du projet de KHL, et il a fini par faire plier la fédération russe qui avait un temps essayé de résister à ses ambitions. La nouvelle ligue, que nul n'aurait pu empêcher, sera donc bien officielle et couronnera un champion de Russie, de même que l'a fait la Superliga 2007/08, dernière du nom.

Premier : Salavat Yulaev Ufa. À l'occasion du 450e anniversaire de l'intégration de la Bachkirie à la Russie, en 2007, les investissements ont été nombreux dans la capitale de la République : routes refaites, centres culturels, zones commerciales, et enfin, en décembre, la Ufa Arena, une nouvelle patinoire moderne. Il ne manque que le métro, dont la construction a été arrêtée il y a trois ans. Il y a pourtant une motivation pour le reprendre : Kazan a construit un métro tout neuf pour son millénaire.

La rivalité avec la République voisine du Tatarstan est en effet l'aiguillon majeur des investissements sportifs d'Ufa. Elle va jusqu'à censurer des affiches d'une publicité nationale parce qu'elle représente des joueurs de "l'ennemi" Ak Bars. Le but de la saison était donc de répliquer à Kazan en devenant à son tour champion.

Le moyen le plus savoureux était encore d'aller chercher pour cela les joueurs chez l'adversaire. Si le Salavat Yulaev n'avait pas pris les très gros poissons dans ses filets, il avait par contre recruté des hockeyeurs un peu plus dans l'ombre qui sont devenus ses joueurs-clés. Le gardien Aleksandr Eremenko a ainsi gagné son troisième titre de champion de Russie, mais le premier comme titulaire. Le centre Aleksei Tereshchenko, rarement dans la lumière sur la deuxième ligne de Kazan, est devenu meilleur marqueur d'Ufa, avant de faire un bon travail sur la quatrième ligne au sein de l'équipe russe championne du monde.

Ce titre "programmé", Ufa a eu l'intelligence de ne pas le construire en recrutant de grandes stars. La plus célèbre des recrues, le gardien international tchèque Milan Hnilicka, n'a finalement joué que dix matches en six mois et a fini n°3 dans les cages derrières Eremenko et Tarasov. L'effectif a plutôt été conçu sur des joueurs moins médiatiques mais très expérimentés, qui ont amené toute leur science de la Superliga. L'entraîneur Sergueï Mikhalev, devenu grand-père pendant les play-offs, incarne ce métier du haut de ses 60 ans.

Deuxième : Lokomotiv Yaroslavl. Lors de son précédent passage au club en 2004/05, l'entraîneur finlandais Kari Heikkilä avait échoué en demi-finale sur le système très défensif du Lada Togliatti de Piotr Vorobiev. Il a sûrement retenu la leçon. Cette fois, c'est lui qui a écoeuré les adversaires (et leur public) en barricadant son équipe. Résultat, elle a gagné tous ses matches à l'extérieur en quart puis en demi-finale. Pour éliminer définitivement le champion en titre Magnitogorsk en trois manches sèches, il a suffi d'ajouter un autre ingrédient : la réussite aux tirs au but, où le Loko avait les deux meilleurs spécialistes de la ligue, le buteur tchèque Zbynek Irgl et le gardien Semion Varlamov.

Alors que les règlements pour protéger les gardiens russes vont se durcir l'an prochain (ils devront obligatoirement jouer plus de 50% du temps), le jeune Varlamov n'a pas été en mal de temps de jeu puisqu'il a joué 60 matches. Son club a pourtant essayé de recruter Aebischer, puis a engagé pour de bon un gardien finlandais (Juuso Riksman). Malgré un gros faux-pas et une sortie en cours de match lors de la première manche du quart de finale, Varlamov a réagi par un blanchissage le lendemain et a tenu sa place, jusqu'à provoquer un duel de portiers russes en finale. La hiérarchie nationale laissait alors Eremenko n°1 et Varlamov n°2. Il s'en serait contenté à 19 ans, malheureusement une blessure stupide dans un entraînement hors glace deux jours avant le Mondial l'a empêché de participer même depuis le banc à cette compétition historique pour la Russie.

Autre absence internationale, celle d'Aleksei Yashin, dont la saison a consisté en une suite de rendez-vous manqués avec la sélection, pour des raisons de forme, de passeport, de calendrier ou simplement de coaching. Il faut dire que Yashin n'a pas passé la saison à son poste habituel de centre. Il a évolué à l'aile gauche, mais avec des attributions défensives dans un système de type "left wing lock". Il a vécu un championnat en crescendo, peu convaincant au début puis décisif à la fin. Décidément, les perceptions de Yashin en Russie et en Amérique du nord ne se réconcilieront pas de sitôt : lui qui n'était absolument pas considéré comme un joueur de play-offs en NHL a été cette fois le meilleur marqueur des séries. Cependant, aucun de ses points n'a été inscrit lors des cinq rencontres de la finale.

Troisième : Metallurg Magnitogorsk. C'est sûr, cette 3e place ne va pas plaire au patron ! Juste avant Noël, Viktor Rashnikov, le président du combinat métallurgique de Magnitogorsk, avait décidé de changer d'entraîneur alors que le club occupait... la troisième position du classement. Un choix risqué à moins de trois semaines de la Coupe d'Europe des Champions (que Magnitka a quand même remportée), mais un choix qui ne se discutait évidemment pas, justifié par des performances un peu déclinantes.

Pour sa défense, l'entraîneur Fedor Kanareïkin faisait valoir que son équipe avait besoin que ses leaders soient à leur meilleur niveau pour être performante. Il visait ses deux attaquants tchèques Jan Marek et Ladislav Kudrna, qui calaient un peu après un excellent début de saison. La suite allait lui donner raison.

Son successeur Valeri Postnikov était en effet confronté à un problème encore plus épineux, puisque Marek et Kudrna furent carrément blessés. Puis ce fut au tour de Vitali Atyushov : celui qui formait avec Evgeni Varlamov la meilleure paire défensive de l'équipe, voire du championnat, fut victime d'une agression de Mark Giordano à la fin du quart de finale.

C'en était trop. Magnitogorsk n'avait pas du tout la même densité qu'Ufa. Sans ses joueurs-clés, la défense de son titre relevait de la mission impossible, et ces play-offs poussifs ont donc conclu une saison gâchée par les blessures.

Quatrième : Ak Bars Kazan. La deuxième ligne avait été pillée par... Ufa, mais Kazan a sorti le carnet des chèques en novembre. Les Tatars se sont constitués un trio 100% "étranger" (si on considère qu'Oleg Petrov a passé quinze ans loin du pays et parle maintenant russe avec un accent) en allant chercher Hentunen et Petrov en Suisse, Cajanek en NHL, à chaque fois en réglant une très coquette somme aux clubs d'origine en dédommagement. La nouvelle ligne avait tout à fait le niveau. Problème réglé...

La première ligne Zaripov-Zinoviev-Morozov avait été déstabilisée par les manoeuvres menées depuis... Ufa, et elle a connu une saison moins stable. Sergei Zinoviev a été gagné par le doute et surtout poursuivi par les blessures. Même Aleksei Morozov a été en proie aux interrogations existentielles. On l'a vu renoncer à son capitanat pour se consacrer à son jeu, donnant ainsi du grain à moudre à ceux qui décelaient des fissures dans le vestiaire. Mais dix jours plus tard, Morozov a repris le "C". Il l'a aussi porté à Québec pour amener la Russie au titre mondial, et a été élu meilleur joueur de Superliga pour la troisième saison consécutive. Problème réglé...

Le gardien russe Eremenko était parti à... Ufa, et Kazan a récupéré à la place un Vassili Koshechkin pas du tout prêt à affronter la pression d'un grand club après avoir quitté sa ville natale Togliatti. La liane de deux mètres, n°2 en sélection en mai 2007, s'est effondrée mentalement et est tombée dans l'oubli en quelques mois, perdant sa place, puis sa condition de jeu, puis toute confiance en lui, puis son contrat. Le recrutement de Robert Esche a toutefois permis à Kazan de compter sur quelques grosses performances du gardien international américain en play-offs. Problème réglé ?

Le titre est parti... à Ufa, et ce problème-là reste en travers de la gorge de Kazan. Pour beaucoup, la demi-finale opposant les deux clubs était la finale avant la lettre, entre deux capitales de républiques voisines, rivales et fortement liées (il y a presque autant de Tatars que de Bachkires au Bashkortostan). Mais ce n'était qu'une demi-finale, et Kazan a donc encore reculé d'une étape après un titre et une finale. C'est toujours mieux que l'avant-dernière place (!) occupée après seize journées, en pleine crise des gardiens (Noronen blessé et Koshechkin confronté à ses limites).
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