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Emil Cioran

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Message  jimmyolsen Sam 23 Aoû - 13:33:46

Emil Cioran Cioran10

Emil Cioran, né le 8 avril 1911 à Răşinari en Autriche-Hongrie (actuelle Roumanie), mort le 20 juin 1995 à Paris, est un philosophe et écrivain roumain, d'expression roumaine initialement, puis française à partir de 1949 (Précis de décomposition). Bien qu'ayant vécu la majeure partie de sa vie en France, il n'a jamais demandé la nationalité française. Il a parfois signé sous le nom de « E. M. CIORAN».
Cioran naît d'un père prêtre orthodoxe et d'une mère athée. Après quelques années de vie heureuse à Răşinari, petit village de Transylvanie, alors sous domination austro-hongroise, Cioran est traumatisé par un déménagement vers Sibiu, ville proche du village. Son compatriote Lucian Blaga, philosophe de la culture, a aussi décrit le rôle matriciel que pouvait avoir un village roumain. Ce choc, ainsi que les relations difficiles avec sa mère et les nombreuses insomnies, dont il souffre durant sa jeunesse, façonnent rapidement sa vision pessimiste du monde et lui font penser au suicide.
Il fait des études de philosophie à l’Université de Bucarest dès l’âge de 17 ans. Ses premiers travaux concernent Kant, Schopenhauer et, particulièrement, Nietzsche. Il obtient sa licence en 1932, après voir terminé une thèse sur Bergson, dont Cioran rejette plus tard la philosophie, qu'il juge n’avoir pas compris la tragédie de la vie. En 1933, il va à Université de Berlin.
À 22 ans, il publie Sur les cimes du désespoir, son premier ouvrage, avec lequel il inscrit, malgré son jeune âge, son nom au panthéon des grands écrivains roumains. Après deux années de formation à Berlin, il rentre en Roumanie, où il devient professeur de philosophie au lycée Andrei-Şaguna de Braşov pendant l'année scolaire 1936-1937. Dans son pays d'origine, Cioran côtoya brièvement, en compagnie de Mircea Eliade, des membres du mouvement fasciste et antisémite de la Garde de fer. En 1936 Cioran publie la Transfiguration de la Roumanie (Schimbarea la faţă a României) où il développe une pensée passablement xénophobe et antisémite : « Les Hongrois nous haïssent de loin tandis que les Juifs nous haïssent du cœur même de notre société » 2 et « Le Juif n’est pas notre semblable, notre prochain, et, quelle que soit l’intimité entretenue avec lui, un gouffre nous sépare ». Bien plus tard, Cioran biffe les passages les plus antisémites pour l'édition française .
En 1937, son troisième ouvrage, Des larmes et des saints, fait scandale dans son pays. Cioran s'installe alors à Paris pendant l'occupation, grâce à une bourse, afin d'y terminer sa thèse sur le philosophe Bergson. Il abandonne alors toute idéologie pour se consacrer à l'écriture. Il est fortement influencé par la philosophie nihiliste, en particulier Schopenhauer et Spengler, mais également par Nietzsche.
Ces influences et son passé conduisent naturellement Cioran à détruire, à travers ses ouvrages, toute idéologie. Refusant les honneurs, il décline entre autres le prix Morand décerné par l'Académie française. Son œuvre, essentiellement composée de recueils d'aphorismes, marquée par l'ascétisme et l'humour, connaît un succès grandissant. En retour, il préserve un rapport ambivalent au « succès » : « J'ai connu toutes les formes de déchéance, y compris le succès. »
Les communistes qui ont pris le pouvoir en Roumanie après la Seconde Guerre mondiale ayant interdit ses livres, il reste à Paris jusqu'à la fin de son existence, vivant assez pauvrement, rédigeant dorénavant ses ouvrages en français, tout en traduisant par ailleurs les poèmes de Stéphane Mallarmé en roumain. Il y est entouré par des penseurs et des écrivains tels que Eugène Ionesco, Mircea Eliade, Samuel Beckett, Henri Michaux ou Gabriel Marcel, et par quelques lecteurs fanatiques mais peu nombreux.
Après la guerre, il écrit toute une partie de son œuvre en français, abandonnant totalement sa langue maternelle, le roumain : « En français, on ne devient pas fou », sous-entendu pour un non-Français en raison de la syntaxe particulière de la langue.
L'œuvre de Cioran, ironique et apocalyptique, est marquée au sceau du pessimisme, du scepticisme et de la désillusion. En 1973, Cioran publie son œuvre la plus marquante : De l'inconvénient d'être né. En 1987, il publie son ultime ouvrage, Aveux et anathèmes, avant de mourir, huit années plus tard, en 1995.
L'œuvre de Cioran comporte des recueils d'aphorismes, ironiques, sceptiques et percutants, tel De l'inconvénient d'être né, qui forment ses œuvres les plus connues, mais on peut aussi y trouver des textes plus longs et plus détaillés. D'une façon générale, l'œuvre de Cioran est marquée par son refus de tout système philosophique. Son scepticisme est probablement son caractère le plus marquant, bien plus que son pessimisme. Cioran, dont les écrits sont assez sombres, est un homme de très bonne compagnie, plutôt gai. Il déclare avoir passé sa vie à recommander le suicide par écrit, et à le déconseiller par oral, car dans le premier cas cela relève du monde des idées, alors que dans le second il a en face de lui un être de chair et de sang. Tout en conseillant et déconseillant le suicide, il affirme qu'il existe une supériorité à la vie face à la mort: celle de l'incertitude. La vie, la grande inconnue, n'est basée sur rien de compréhensible, et ne donne pas l'ombre d'un argument. Au contraire, la mort, elle, est claire et certaine. D'après Cioran, seul le mystère de la vie est une raison de vivre.
On peut, à tort, accuser Cioran d'avoir pris dans ses écrits une « pose » de désespoir. Il semble avoir été profondément triste de ne pas pouvoir établir de système qui donnerait un sens à sa vie, alors même que dans sa jeunesse il avait été extrêmement passionné (cf. les Cimes du désespoir).
Son désespoir n'est pas feint, mais exclusivement philosophique, et lié à cette impossibilité à comprendre le monde et l'Homme, ou peut-être de l'avoir trop bien compris.
Le cheminement littéraire de Cioran et son trajet spirituel ont, semble-t-il, trois points de repère majeurs (selon Liliana Nicorescu ) : « la tentation d'exister », la tentation d'être Roumain, et la tentation d'être juif. Ni sa roumanité réfutée ni sa judéité manquée ne pouvaient lui offrir la moindre consolation pour l'humiliation, pour « l'inconvénient d'être né ».
Sur les cimes du désespoir (1934)
Le Livre des leurres
Transfiguration de la Roumanie (1936)
Des larmes et des saints (1937)
Le Crépuscule des pensées
Bréviaire des vaincus
Précis de décomposition (1949)
Syllogismes de l'amertume (1952)
La Tentation d'exister (1956)
Histoire et Utopie (1960)
La Chute dans le temps (1964)
Le Mauvais Démiurge (1969)
Valéry face à ses idoles (1970)
De l'inconvénient d'être né (1973)
Essai sur la pensée réactionnaire. À propos de Joseph de Maistre (1977), Fata Morgana (d'abord publié comme préface d'un recueil de textes de Joseph de Maistre en 1957 aux éditions du Rocher)
Écartèlement (1979)
Ébauches de vertige (1979)
Exercices d'admiration (1986)
Aveux et Anathèmes (1987)
L'Ami lointain : Paris, Bucarest (1991)
Entretiens (1995)
Cahiers, 1957-1972 (1997)
Cahier de Talamanca (Mercure de France 2000)
Solitude et destin (Gallimard-Arcades 2004)
Exercices négatifs (Gallimard 2005)
Œuvres (Gallimard-Quarto 1995)
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