CANCER ET POLLUTION : UN LIEN ENFIN RECONNU
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CANCER ET POLLUTION : UN LIEN ENFIN RECONNU
Si les propriétés cancérogènes de certains produits chimiques sont connues ou fortement suspectées suite à des tests de toxicité en laboratoire, la relation entre exposition à la pollution environnementale et apparition de cancers est moins bien cernée surtout pour les pollutions diffuses auxquelles les populations sont potentiellement exposées. En 2005, le nombre de nouveaux cas de cancers en France a été estimé à près de 180.000 chez les hommes et 140.000 chez les femmes. Si ces chiffres augmentent depuis une vingtaine d’années en raison des évolutions démographiques et des nouvelles pratiques médicales, une part de cette augmentation pourrait être due aux modifications de l’environnement.
Plusieurs études se sont penchées sur le sujet : l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) a par exemple mis en évidence en mars dernier une corrélation significative entre la pollution des incinérateurs dans les années 70-80 et l'apparition de cancers dans les populations à proximité dans les années 90-99. Mais ce type de mise en relation est encore difficile à réaliser pour de nombreuses pollutions.
Une nouvelle expertise collective menée par l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) à la demande de l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) et publiée récemment propose un bilan des connaissances sur les liens entre l’environnement et neuf cancers dont l’incidence a augmenté au cours des 25 dernières années.
Particules fines et pesticides au banc des accusés
Ainsi, malgré des manques d’information pour certains couples polluants/cancers, l’INSERM rappelle que les particules fines sont impliquées dans le cancer du poumon et notamment celles de faible diamètre (PM2,5). À partir des concentrations de PM2,5 relevées chez des individus vivant dans quatre agglomérations françaises (Paris, Grenoble, Rouen et Strasbourg), des auteurs évaluent à 10 % les cancers du poumon attribuables à l’exposition aux PM2,5, explique l’institut. Émises par le trafic automobile (véhicule Diesel), les installations de chauffage et les activités industrielles, les PM2,5 font l’objet d’une réglementation européenne récente : les Etats membres doivent atteindre la valeur cible de 20μg/m3 au plus tard en 2015 en zone urbaine. L’INSERM précise d’ailleurs que certains travaux ont estimé qu’environ 1.300 et 1.900 décès par cancer du poumon pourraient être évités chaque année dans 23 villes européennes si les niveaux moyens de PM2,5 étaient ramenés respectivement à 20 et à 15 μg/m3.
Les pesticides sont également fortement suspectés même si la plupart des études souffrent d’une forte imprécision. Plusieurs articles font ainsi le lien entre expositions professionnelles aux pesticides et tumeurs cérébrales mais également cancers hormono-dépendants (cancers de la prostate, du sein, des testicules, de l’ovaire). En ce qui concernant la population générale, l’INSERM rappelle que les pesticides sont retrouvés dans tous les compartiments de l’environnement et peuvent donc conduire à une exposition (…) par les aliments, l’eau de boisson, l’air intérieur et extérieur et les poussières de la maison.
Une relation reconnue mais des recommandations jugée trop prudentes
Pour les associations de protection de l’environnement, cette nouvelle étude est le signe d’une reconnaissance des pollutions environnementales comme facteurs susceptibles d’entraîner des cancers. En cela, c'est un désaveu cinglant du rapport des Académies de Médecine et des Sciences publié l'an passé qui considérait comme négligeable le lien entre cancer et environnement, pour ne mettre l'accent que sur les comportements individuels, estime l’Alliance pour la planète.
Le Mouvement pour les Droits et le Respect des Générations Futures (MDRGF) pointe du doigt la place des pesticides dans ce rapport : les pesticides sont suspectés de jouer un rôle dans 8 des 9 cancers étudiés par le rapport !, explique l’association. Les pesticides jouent un rôle majeur dans l’épidémie de cancer que connaît actuellement notre société, ajoute-elle.
Les associations reprochent néanmoins à l’étude de faire preuve de trop de prudence et de manquer d’ambition dans ses recommandations : se contenter d’en appeler à « agir à la fois sur le type de pesticides et sur les modes d’utilisation de ces produits pour réduire l’exposition selon les objectifs du plan interministériel de réduction des risques liés aux pesticides 2006-2009 » est maintenant totalement dépassé et notoirement insuffisant pour réduire le risque encouru par la population, précise ainsi le MDRGF.
thierry.F- Nombre de messages : 138
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