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Les mystères d'une dynastie rouge

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Les mystères d'une dynastie rouge Empty Les mystères d'une dynastie rouge

Message  thierry.F Jeu 23 Oct - 23:01:45

Les mystères d'une dynastie rouge Kim-jo10

Les grandes affaires du monde aiment parfois marier la plus extrême gravité et le dérisoire. Voilà qu'aujourd'hui la fine fleur des services secrets de la planète s'échine à savoir si Kim Jong-il, le monarque stalinien de cette étrange Corée du Nord, est capable ou non de se brosser les dents tout seul. Une interrogation majeure autour d'un homme qui manie d'ordinaire des substances plus mortifères que le dentifrice, en soumettant la planète entière à un épuisant chantage nucléaire.

Si l'on en est là, c'est que ces dernières semaines ont offert un double rebondissement, avec l'annonce par Pyongyang d'un coup d'arrêt dans son désarmement nucléaire, puis la révélation d'un sérieux pépin de santé ayant frappé le «cher leader». Deux accidents, l'un diplomatique et l'autre cérébro-vasculaire apparemment, qui en se conjuguant font plonger le dossier dans un gouffre d'incertitudes. Le négociateur américain Christopher Hill vient de faire le voyage à Pyongyang pour tenter de sauver les négociations. Les Nord-Coréens auraient exigé un assouplissement des demandes de vérification de leur désarmement, fixant un «ultimatum», selon la presse de Séoul. En attendant, le département d'État a confirmé que Pyongyang franchissait visiblement toutes les étapes vers une remise en route du réacteur de Yongbyon.

Tout s'est joué autour de la mi-août 2008. Le 11 août, précisément, expire le délai d'une «promesse» faite par Washington de retirer la Corée du Nord de sa liste des pays soutenant le terrorisme, en échange d'un inventaire nucléaire remis en juin. On y est, mais rien ne se passe. À Pyongyang, la nouvelle est très mal vécue. Le 25 août, les Nord-Coréens annoncent l'arrêt du démantèlement atomique. Or, on l'apprendra plus tard, en ces jours de crispation nucléaire, Kim Jong-il était au plus mal. Les services de renseignements sud-coréen puis américain révèlent le 9 septembre que le dirigeant a dû être opéré au milieu du mois d'août. Les interrogations s'envolent, après l'absence de Kim à la parade célébrant le 60e anniversaire du pays. L'annonce samedi par l'agence de presse nord-coréenne qu'il était réapparu en public à l'occasion d'un match de football n'a pas mis fin aux spéculations, aucune image n'ayant été pour l'heure diffusée. Et puis, des experts japonais ne le disent-ils pas mort depuis 2003, le monde étant depuis abusé par une jolie doublure ?
Un défi pour les agents sud-coréens et la CIA
Dans le pays le plus secret du monde, courir après un bulletin de santé du «cher leader» - souffrant déjà de diabète et de problèmes cardio-vasculaires - est un joli défi pour les agents sud-coréens ou japonais, et leurs amis de la CIA américaine. Selon le NIS sud-coréen, Kim pourrait tenir sa brosse à dents tout seul. Il pourrait parler, se tenir debout «s'il est aidé». D'autres sources le disent en partie «paralysé», ou sujet à des spasmes consécutifs à son opération du cerveau, ce qui rendrait ses apparitions publiques impossibles. «Il y a deux endroits où l'on doit en savoir un peu plus, c'est à Pékin et à Paris», s'amuse un diplomate anglo-saxon. Des médecins chinois et français se seraient rendus au chevet de Kim. Rien de très étonnant, les membres de la famille régnante nord-coréenne ont souvent fait le voyage à Paris pour se faire soigner.

Des journaux sud-coréens assurent que Kim a été terrassé en apprenant que son plus jeune fils, Kim Jong-un, avait eu un grave accident de voiture. Le maintien sur la liste des États parias aurait pu aussi déclencher la crise. Mais la grande interrogation tourne autour d'un lien possible entre la santé de Kim Jong-il et le coup de sang nucléaire. «Le schéma de généraux profitant de sa faiblesse physique ne correspond pas à la réalité du régime. Il y a une grande continuité dans la décision de reprise nucléaire, explique Haksoon Paik, chercheur au Sejong Institute, et tout semble montrer que, même amoindri, Kim est toujours aux commandes.» Les écoutes n'ont pas montré de mouvements de troupes ou une intensification des communications entre dirigeants communistes.

Que Kim Jong-il soit aujourd'hui en pleine forme, sur son lit d'agonie ou un dictateur à mi-temps, ne change rien au problème. La question de la succession au sein de la première dynastie communiste héréditaire de l'Histoire se pose bel et bien avec une nouvelle acuité. Et le flou est total. Alors que Kim Il-sung avait ouvert la voie à son fils par un long processus d'élévation dans la hiérarchie du régime, de 1974 jusqu'à sa mort en 1994, Kim Jong-il n'a rien engagé de similaire avec l'un de ses trois fils. Du moins ouvertement. Pourquoi ? «La situation est beaucoup moins stable que durant la guerre froide, Kim Jong-il ne peut donc tolérer de longues discussions sur sa succession, poursuit Haksoon Paik, mais il aurait aussi confié qu'il ne voulait pas laisser le pouvoir à l'un de ses enfants et je suis loin d'être sûr que l'un de ses fils lui succédera.» Un autre spécialiste de la Kookmin University, Andreï Lankov, va dans le même sens. «Kim Jong-il serait “très famille”», confie-t-il, et je pense qu'il sait que son régime va s'effondrer dans les années qui viennent, d'où peut-être sa volonté de préserver ses enfants qui auront plus d'avenir en Suisse…»
Intrigues de palais
D'autres observateurs estiment qu'une transition passera par une direction à la collégialité renforcée, mais avec toujours une «dose de famille» pour cimenter l'ensemble. Le régime nord-coréen repose sur trois centres de pouvoir, le parti, l'armée et la famille. «Le parti veut garder le contrôle global, les militaires tiennent à la politique dite de“l'armée avant tout”, commente un spécialiste occidental, et le cercle familial veut continuer à être l'arbitre de tout.» Tout va donc se jouer autour d'une douzaine de dignitaires. Mais en comparaison, la «kremlinologie» des grandes années de l'URSS était un exercice de transparente facilité.

Côté famille, on navigue entre les intrigues de palais des vieux empires et le «soap opera» moderne. Avec par exemple une «première dame» intriguant sans relâche entre 1994 et sa mort en 2004 pour pousser les deux jeunes fils de Kim Jong-il vers le pouvoir, en écartant un aîné né d'une autre concubine. Ou un fils aîné, héritier potentiel, arrêté au Japon avec un faux passeport alors qu'il tentait de se rendre… à Disneyland. «Tout dépend de l'urgence à organiser la succession, explique Seong-Chang Cheong, du Sejong Institute, Pyongyang avait laissé entendre que 2012, année du 100e anniversaire de la naissance de Kim Il-sung et des 70 ans de Kim Jong-il, pourrait voir des annonces. Cela permettait aux deux jeunes fils d'être en course. S'il faut presser les choses, cela remet le fils aîné ou le beau-frère en première ligne».

Une rationalité particulière mais réelle

Même auréolé d'un certain folklore - avec ses talonnettes, ses cheveux bouffants, sa collection de voitures et de films - le «cher leader» a jusqu'ici fait montre d'une rationalité, certes bien à lui, mais réelle. Et l'idée d'une transition turbulente au-dessus d'un chaudron nucléaire n'est guère réjouissante. Selon le Washington Post, les États-Unis auraient une part de responsabilité dans l'échec des négociations, en ayant exprimé de nouvelles exigences dans la vérification du désarmement nucléaire. La Corée du Nord a fait savoir «qu'elle n'était pas l'Irak»… Si la situation ne se débloque pas, elle devrait profiter des quelques mois de flottement dus au changement d'Administration américaine pour consolider encore sa carte nucléaire, comme en 2000-2001.

On estime que la Corée du Nord dispose à ce jour de 30 à 60 kilos de plutonium de qualité militaire, soit de quoi fabriquer entre 5 et 10 bombes. Qu'il soit «semi-raté» ou «semi-réussi», l'essai d'octobre 2006 a montré des capacités réelles, les Américains ayant détecté des particules témoignant d'une réaction nucléaire. Et même si mettre une arme opérationnelle sur un missile est autre chose que de faire exploser un engin au fond d'un trou, la menace est réelle. D'autant que les risques de prolifération sont toujours là, les installations syriennes détruites par un raid israélien en septembre 2007 ayant bien été fréquentées par des Nord-Coréens. Et que Pyongyang, avec une aide pakistanaise reconnue, a tenté de développer un programme parallèle et secret d'enrichissement d'uranium.

Les cérémonies du 63e anniversaire du Parti des travailleurs, le 10 octobre, devraient permettre d'en deviner un peu plus sur la santé de Kim Jong-il. En attendant, il est assez savoureux de voir des diplomates américains presque redouter qu'un malheur n'arrive à un homme que George Bush traita un jour de «Pygmée»…
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