Portraits chinois, un livre de photos et de rencontres

[emarcel]

Portraits chinois
« Ce qui fait la rareté de notre livre, c'est l'intimité qu'on a essayé de donner en s'effaçant complètement derrière ces personnages qui nous parlent à la première personne du singulier de leur vie, de leur métier, de leurs difficultés, parfois de leur intimité, du temps qui passe, de leurs espoirs, de leurs rêves » explique la journaliste Diane Droin-Michaud en feuilletant les pages de l'ouvrage tout juste sorti de chez l'imprimeur.
L'idée est née il y a dix huit mois entre elle et Jacques Penhirin, un consultant spécialisé dans l'analyse du comportement du consommateur chinois, parcourant la Chine à longueur d'année qui lui fait part de son regret de ne jamais avoir le temps de s'arrêter, d'observer cette Chine où il ne fait que des affaires, d'apprendre à connaître ces anonymes qu'il croise lors de ses déplacements.
Diane lui propose alors d'aller à leur rencontre accompagnée d'une photographe et de réaliser un livre de portraits. Séduit, le consultant décide de financer le projet et d'en écrire la préface.
Diane convainc la photographe Anaïs Martane de l'accompagner pour « mettre en image les mots –et les maux ?- des personnages » et pendant un an, les deux jeunes femmes vont voyager aux quatre coins de Chine à la rencontre des Chinois. « Nous avons fait appel à nos connaissances pour trouver les personnages qui pouvaient illustrer ce livre, Anaïs à Pékin, Jacques en Chine et moi à Hong Kong, nous sommes partis c'est vrai des métiers et ce qui n'était pas obligatoire, un fil d'ariane s'est tissé tout naturellement entre les personnages ».
Le lecteur va ainsi découvrir trente huit hommes et femmes connus ou inconnus qui, fait extrêmement rare dans un pays où la culture n'est pas tournée vers l'introspection, vont lui faire partager leurs quotidiens.
Des tranches de vie sincères, bouleversantes parfois avec comme trait commun un immense optimisme en l'Homme : le Docteur Ma, médecin aux pieds nus à Li Jiawa dans la province du Ningxia qui gagne à peu près 50 yuans par mois et qui prie Allah cinq fois par jour pour le remercier « de tout ce qu'il m'a donné », le Père Tian, prêtre à Canton emprisonné pendant trente ans au nom de la Foi dont le visage rayonnant de bonté et de joie semble pardonner les années de persécutions qu'il décrit, Gu Jing, le chauffeur de taxi psychologue de Shanghai, Li Shuang infirmière malgré elle à l'hôpital de Chengdu dont la seule fierté est de donner un peu de réconfort aux patients.
« Toutes les personnes interrogées ont été d'une grande disponibilité à notre égard, d'une grande courtoisie, fait preuve d'une liberté de ton extrêmement poignante qui force l'admiration » témoignent les auteurs.
Parmi les personnes sollicitées, seule une femme médecin de Chengdu a refusé que son témoignage, pourtant passionnant sur la Révolution Culturelle soit publié «c'est dommage car cette quinquagénaire avait un aspect extérieur typiquement communiste, elle disait des choses très intéressantes, assez dures sur cette période mais lorsqu'elle s'est aperçu que ses propos critiquaient de manière déguisée le régime, elle a eu peur et s'est rétractée » regrette la journaliste en reconnaissant que l'objet de l'ouvrage n'était en aucun cas de faire un énième ouvrage politique .
« Par ce livre, nous avons essayé de transmettre un message, notamment aux Français et aux occidentaux en leur disant : on a rencontré des gens, écoutez, lisez ce qu'ils nous ont dit, faites vous votre propre réflexion ensuite mais de grâce évitez les préjugés, les idées reçues, les simplifications à outrance sur ce que l'on appelle la Chine et les Chinois, arrêtez de considérer la Chine comme un tout opaque avec autant d'arrogance, ce n'est plus possible en 2008 ! »
A travers ces témoignages humains agrémentés d'informations factuelles permettant de re-situer les parcours dans une société en transformation accélérée, Portrait Chinois est un formidable message d'espérance et de confiance en l'avenir du pays que les auteurs ont réalisé sans jamais porter de jugement ; une volonté partagée par ce jeune journaliste de l'édition française de CCTV concluant ses propos ainsi « j'aimerais aussi redorer l'image des Chinois à l'étranger, faire disparaître cette crainte que vous semblez éprouver vis-à-vis de nous. Nous sommes parfois résignés, tout comme vous êtes rebelles à l'autorité. Mais nous sommes tellement mieux que ce que vous croyez… »


PORTRAITS CHINOIS

Par Jacques PENHIRIN, Diane DROIN – MICHAUD, Anaïs MARTANE
Aux Editions SNOECK