L'ARMENIE NE PEUT PLUS FINANCER LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
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L'ARMENIE NE PEUT PLUS FINANCER LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
La publication d’un rapport des Nations unies demandant la révision complète des institutions scientifiques alimentent des discussions animées entre savants qui sont convaincus qu’ils en feront les frais. La prestigieuse Académie des sciences d’Arménie doit être réformée, l’État ne peut plus la financer, mais elle risque fort de disparaître si les solutions radicales préconisées sont retenues.
Ce rapport sollicité par l’Arménie elle-même auprès du Programme de Développement des Nations unies l’an dernier et soumis au gouvernement le 19 janvier a déjà provoqué la riposte furieuse des académiciens arméniens et, dans un entretien dans un journal, le président de l’Académie nationale des Sciences, Fadei Sarkisian, a qualifié les auteurs « d’ennemis du pays ».
Les autres intervenants ont exprimé la crainte que le but non-avoué de ce plan serait de vendre à bas prix les magnifiques bâtiments de l’avenue Baghramian au centre de la capitale Erevan. « Je sais comment tout cela va se terminer, les bâtiments appartenant à l’Académie des Sciences vont être bradés », affirme Kostantin Gharagiozian, directeur de l’Institut de Biologie moléculaire.
Le chef du département du ministère de l’éducation a dit que ces craintes étaient « sans fondement » et que, même si les locaux étaient libérés, ils resteraient la propriété de l’Académie.
Ce qui est en jeu est l’avenir d’une tradition de renom dans les études en sciences naturelles, qui était une grande source de fierté arménienne. L’Académie nationale des sciences (NAS) a été fondée en 1943 pendant la Seconde Guerre Mondiale et est devenue un centre de première importance pour les scientifiques de l’Union soviétique. Elle compte encore aujourd’hui 50 instituts et autres organisations et emploie près de 4500 personnes dont 2000 sont des chercheurs.
Cependant, comme le reste du pays, l’Académie traverse des temps difficiles. En 2007, elle a reçu 9,3 millions de dollars US de subvention, un pour cent des dépenses de l’État. Les hauts salaires d’autrefois sont tombés en chute libre et avec l’inflation, ils sont maintenant d’environ 50 dollars par mois.
Le rapport du PNUD propose de combiner des éléments de la NAS avec des centres de recherches scientifiques et de les amalgamer à d’autres éléments des universités d’État. Le financement se fera via les nouvelles fondations qui auront la responsabilité de trouver des fonds
Atom Margarian, qui dirige le groupe d’experts qui a rédigé le rapport, explique que l’État n’avait plus les moyens de se charger de recherches scientifiques aussi nombreuses. « C’est un modèle pour un État qui connaît le totalitarisme ou l’autoritarisme, mais qui ne peut pas se justifier dans les conditions actuelles ».
Selon le nouveau modèle, l’État prendrait en charge des projets de recherche avec des entreprises et d’autres organisations non gouvernementales. Un nouveau fonds d’État pour la recherche scientifique sera mis en place pour attirer des investissements étrangers.
Gennady Gasparian, Professeur à l’Institut de zoologie est inquiet de savoir qui va siéger au conseil d administration des nouvelles fondations et si ces conseils ne vont pas être une nouvelle structure bureaucratique.
Selon les propositions, la direction de la NAS va perdre son pouvoir administratif pour une nouvelle agence dont la structure n’est pas encore définie. « C’est vrai que nos propositions sont fatales pour les dirigeants de l’Académie car ils vont perdre les leviers de commande », reconnaît Atom Margarian. Les recommandations ont été faites d’après l’expérience des autres pays post-soviétiques et après un vaste sondage auprès des académiciens arméniens.
Accord sur le constat, pas sur les solutions
Beaucoup d’universitaires sont d’accord avec l’analyse faite par le rapport, mais pas avec la solution proposée. « Le document contient environ 65 pages. Je suis absolument d’accord avec les 50 premières pages qui exposent l’état des sciences faute de financement. Mais je ne suis absolument pas d’accord avec la seconde partie », avoue Bagrat Gharibjanian, directeur de l’Institut de chimie organique.
Nombreux sont les scientifiques qui admettent que, s’il n’y a pas de réformes dans la gestion du secteur scientifique, l’Arménie sera la lanterne rouge au niveau mondial. Mais d’autres mettent en garde contre de mauvaises réformes qui mettrait le système accdémique en porte-à-faux avec ses voisins. Comme beaucoup de pays post soviétique, l’Arménie a deux niveaux pour le doctorat, un dit de « candidat es sciences » et un autre de « docteur es sciences ».
« Dans le domaine des sciences, nous travaillions principalement avec la Russie et l’Ukraine. Et ces deux pays ne reconnaîtront pas un système avec un seul niveau et c’est que nous proposent les experts de l’ONU », explique l’académicien Eduard Ghazarian
Il y a aussi d’autres réformes en discussion, l’une venant du Conseil public des universitaires d’Arménie et une autre de la NAS elle-même, ce qui agace Andrei Nersisian. « La proposition de la NAS me fait penser à un groupe de médecins qui se penchent au chevet d’un sportif mourant en pensant à faire des réformes au lieu de ranimer et sauver le malade ».
Selon l’expert Margarian, les propositions seront étalées sur plusieurs années afin de ne pas choquer la communauté scientifique. Quant au gouvernement, il va étudier avec grande attention le rapport du PNUD.
jimmyolsen- Admin
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